Eric Mbatcha (4h25) et Lysette Ngalim ( 5h22). L’histoire retiendra que ce sont ces deux coureurs qui se sont imposés lors de la toute première ascension du Mont Cameroun enregistrant le retour du top sponsor Guinness ce samedi 15 février 2014. Le public, toujours friand de chiffres et de sensations, retiendra que ce sont les premiers athlètes à empocher 10 millions de francs chacun après leur victoire dans cette course éprouvante, qui a connu, cette année
, la participation de près de 648 athlètes (sans compter ceux alignés sur la course intermédiaire et la course populaire), qui a attiré des coureurs d’une vingtaine de pays étrangers. La fédération camerounaise d’athlétisme, les pouvoirs publics et la communauté sportive retiendront que c’est un nouveau départ. Qui charrie plein d’espoirs, dont celui de voir la célèbre compétition gravir encore un palier question calibre, question renommée.
C’est clair, avec un pactole de 10 millions de francs promis au vainqueur, ce n’est plus du tout la même course : l’enjeu est désormais plus grand. 5 millions et 2 millions F respectivement pour le deuxième et le troisième, c’est pas mal non plus. De quoi booster l’envie de se surpasser, donner la volonté de puiser au fond de soi-même l’énergie nécessaire pour avancer, malgré les poumons en feu et les jambes endolories… Au stade de Molyko, plusieurs observateurs étaient catégoriques sur le sujet : les 10 millions, « soit environ 20 mille dollars US, prime de canon international », selon l’expression d’un responsable de la fédération, ont accru l’attrait pour la course. Le sponsor a-t-il pour autant assuré le saut qualitatif de l’épreuve ?
Galop d’essai
« Les primes ont augmenté, mais ce n’est pas encore le succès populaire des grandes années de cette course », estime Zacharie Nkwo, journaliste sportif, figure (ou voix) habituelle de l’organisation de la compétition. « Le contexte a changé. Aujourd’hui, le public est plus exigeant. L’engouement populaire n’est pas celui attendu », admet pour sa part le responsable de la fédération susmentionné. Pourtant, le sponsor a initié d’autres changements. L’accent mis sur l’aspect culturel et festif, par exemple. Ou alors, cette course populaire de 5km un peu spéciale : il fallait débourser cinq mille francs pour s’y inscrire, et la société brassicole a promis de consacrer l’argent ainsi collecté à ses œuvres caritatives (réalisation de points d’eau, dons, etc.).
Francis Mbonguè, directeur marketing de l’entreprise, a bon espoir. Il pense que la mayonnaise finira par prendre. Il n’était pas évident, dès la première course avec le retour de Guinness, de retrouver l’époque glorieuse. « Les époques sont différentes. Chez nous, l’équipe qui travaille sur l’opération est nouvelle. La majorité de ses membres n’ont même pas vu les courses de l’époque à la télé », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Nous avons placé la barre à un certain niveau. Les attentes étaient grandes. Pour nous, ceci a constitué un galop d’essai. » L’ambition est donc de faire mieux à l’avenir, ou en tout cas de trouver la bonne carburation « dans deux ou trois ans ».
L’organisation souhaite aller plus loin, en attirant par exemple beaucoup plus d’athlètes étrangers. Ceci passe, et le sponsor le reconnaît, par une plus grande « promotion de cette course au plan international », qui obligerait à un renforcement des mesures de sécurité, etc. L’entreprise n’écarte pas non plus une revalorisation des primes actuelles. Aux coureurs au moins, ceci donnerait assurément un nouveau souffle…
