L’élection de l’Assemblée constituante, chargée de rédiger la nouvelle Constitution libyenne, n’était pas du tout acquise compte tenu des violences qui ont secoué le pays ces derniers mois. Entretenues par des groupes armés dans la capitale Tripoli et diverses parties du pays plus particulièrement au sud où des tribus rivales s’affrontent régulièrement, ces violences ont conduit récemment le Premier ministre Ali Zeidan à envisager une nouvelle intervention militaire pour faire face au chaos. La menace naguère brandie par le Premier ministre n’a pas empêché une bande de manifestants de s’attaquer au Congrès général national(CGN), la plus haute autorité politique et législative du pays , pour protester contre sa décision controversée de prolonger son mandat qui devait s’achever le 7 février dernier .
Dans ce contexte de crise qui perdure, l’élection de l’Assemblée constituante mérite d’être saluée. Encore faut-il qu’elle suscite l’adhésion du peuple et des partis politiques. Cela n’a pas été, malheureusement, le cas. Contrairement aux élections de juillet 2012, les Libyens ont été moins enthousiastes pour ce scrutin. Ainsi, 1,1 million d’électeurs se sont inscrits pour cette élection sur 3,4 millions d’électeurs contre 2,7 millions en 2012. Ce faible engouement électoral s’explique probablement par le fait que de nombreux Libyens sont déçus par les performances du CGN, issu des élections de 2012, qui a échoué à rétablir l’ordre dans ce pays en proie à l’anarchie. Plus grave, les partis politiques n’ont pas participé au scrutin. Seules les candidatures individuelles ont été acceptées. Qui plus est, les Amazighs, qui devraient occuper 2 sièges dans la prochaine Assemblée constituante, ont boycotté le scrutin pour protester contre l’absence des mécanismes garantissant leurs droits culturels dans la future constitution. Les Amazighs ont non seulement dénoncé leur exclusion, mais aussi, ils ont décrété le jour du scrutin, « journée noire et de deuil dans les régions Amazighs en particulier et dans l’ouest du pays », tout en affirmant qu’ils ne reconnaîtront pas la nouvelle Constitution. Il n’est donc pas évident que cette Constitution apporte des solutions réalistes aux questions aussi épineuses que la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia, la loi islamique.