Le renoncement de l’ancien président de transition, Andry Rajoelina, au poste de Premier ministre découle des résultats de la récente élection présidentielle.
En même temps qu’il traduit la vitalité démocratique de la Grande île, l’acte posé par le leader du regroupement Mapar esquisse la nouvelle donne politique à Madagascar et montre que bien que le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, et l’ancien président de transition, qui l’avait soutenu pendant la campagne du second tour, peuvent émettre des sons de cloche différents. Certes, Andry Rajoelina n’a pas renoncé à la primature de gaieté de cœur. Alors que son camp dispose d’une majorité suffisante au parlement pour imposer sa désignation, le leader de la mouvance Rajoelina a préféré sacrifier son poste à cause d’un différend l’opposant au chef de l’Etat. On peut, néanmoins, observer que cet abandon lui permet de prendre, momentanément, ses distances vis-à-vis de la gestion des affaires étatiques, après avoir exercé les fonctions de président de transition donnant ainsi à un autre Malgache l’occasion de faire valoir son expertise et se ménageant personnellement une marge de manœuvre pour les futures échéances électorales .
Autant, Madagascar attend depuis plusieurs jours la nomination du Premier ministre, considérée comme étape essentielle dans la normalisation progressive de la Grande île, cinq ans après la chute de Marc Ravalomanana et l’accession d’Andry Rajoelina au pouvoir avec le soutien de l’armée. Autant, le président de la République tient à ce que cette nomination soit conforme à sa politique d’ouverture, de réconciliation nationale, de paix et de développement économique proposée et acceptée par la majorité des Malgaches. Quoique la mouvance Rajoelina, qui a fait élire l’un des siens à la présidence du parlement, dispose de la possibilité de choisir un autre candidat issu de ses rangs pour le poste de Premier ministre, certains députés sollicitent l’émergence d’un premier ministre de consensus qui corresponde mieux aux idéaux du président de la République. Pour permettre à la Grande île de repartir sur des bases assainies, Hery Rajaonarimampianina ne désire pas dévier de l’esprit de la Constitution, ni de l’inclusion souhaitée par la communauté internationale.