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Dossier de la Rédaction

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Unis, décrocher l’avenir

Ceux qui auront été les témoins privilégiés des jours historiques qui viennent de s’achever à Buea à l’occasion de la célébration du Cinquantenaire de la Réunification diront demain avec fierté et nostalgie : nous y étions. Parce que le grand livre qui consigne la trame des vécus humains, c'est-à-dire l’Histoire avec grand H, les marquera comme uniques, magnifiques et grandioses, selon l’appréciation du grand ordonnateur de cette belle fête, Paul Biya.

En effet, une grande communion cathartique autour du chef de l’Etat, symbole parfait de l’unité d’un peuple qui veut vivre ensemble depuis 50 ans, contre vents et marées, vient d’y avoir cours. A regarder l’enthousiasme et l’intérêt des plus jeunes, la ferveur des foules, l’implication des intellectuels de tous bords, la fermeté des convictions sur l’irréversibilité de la Réunification, malgré les débats passionnés, on réalise bien que dans ce bouillonnement, ces effusions des esprits et des corps, la germination d’une volonté nouvelle d’accomplir plus harmonieusement l’unité est en marche.

Quoi de plus légitime ! Après 50 ans de parcours commun, beaucoup de joies mais aussi beaucoup d’engueulades et de frustrations, comme dans tous les couples dignes de ce nom, les Camerounais des deux rives du Moungo se sont rendus à l’évidence : ils sont liés par le sang et leur destin présent et futur ne peut se conjuguer que dans un magistral « Nous ». A la vérité, il était parfaitement arbitraire de prétendre classifier et séparer des peuples unis depuis des siècles par la culture, les traditions, la proximité territoriale, sur la base du seul usage de la langue du colonisateur.

Si l’on ne peut méconnaître que l’usage de ces langues d’emprunt a charrié avec lui des éléments de la culture du colonisateur, nous façonnant à notre insu une autre manière d’être, l’on doit aussi souligner que ce vernis n’a fait de nous, par chance, ni des Anglais, ni des Français, mais des Camerounais à la culture hybride, plurielle. Ce qui détermine une particularité fort singulière dans le monde, qui n’est rien moins qu’une partie de notre nouvelle identité.

A scruter de plus près encore l’engagement du politique sur le sens et la mesure à donner à cette commémoration du Cinquantenaire de la Réunification, on ne peut que prendre acte de la force entraînante de la volonté politique qui a impulsé une célébration aussi magique et aussi éclectique. Marquée tout à la fois par la solennité et la proximité. Solennité des séquences festives, foisonnement et rapprochement des hommes.

Un monument, un colloque, une capitale régionale reconstruite à grand frais, une grande fresque historico-culturelle avec des centaines d’étudiants en figurants, un défilé-événement valant un jour férié et chômé, et puis surprise des surprises, la grâce présidentielle à travers la publication d’un décret commuant des peines ou accordant la liberté à certains prisonniers condamnés à de lourdes peines. Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu pareil agenda pour un seul événement. De mémoire de Camerounais, jamais aucune circonstance historique n’avait mobilisé autant d’énergie, de ressources, de sueurs, et de larmes – de joie. C’est clair : le président de la République a voulu frapper les esprits, en démontrant que l’unité est, avec la démocratie et la prospérité, l’une des valeurs cardinales de sa vision pour le Cameroun depuis un peu plus de 30 ans. Paul Biya entend ainsi, en frappant les esprits, unir les cœurs, faire chérir et sublimer le vivre ensemble. Parce que l’unité est notre bien le plus précieux, la Réunification nous est donc précieuse, et la commémoration de son 50e anniversaire fut un pur moment de joie et de communion nationale.

Dans cette approche, l’on perçoit aussi un appel à la vigilance : il faut continuer, dans cette famille dont la diversité est précisément la richesse à faire attention les uns aux autres, à cultiver l’empathie, à consentir des efforts et des sacrifices pour que la fraternité, choisie et proclamée il y a 50 ans, célébrée aujourd’hui, tisse des liens de solidarité indéfectibles, entre Camerounais et prenne un sens concret dans la vie réelle.

Il s’agit d’abord d’écouter. De s’écouter. En tout cas plus que par le passé. Entre Anglophones et Francophones, mais aussi entre les 250 tribus qui se partagent l’amour de notre belle nation. L’universitaire Jean Emmanuel Pondi, lors du colloque du Cinquantenaire, a aussi suggéré d’éviter les malentendus, en demeurant attentifs. Ainsi, à la question « y a-t-il un problème anglophone ? », au lieu de s’échiner à prouver qu’il n’en existe pas, il convient plutôt de considérer que dès lors que la perception suggère que oui, il devient urgent de dialoguer, de poser des actes au besoin.

Il s’agit ensuite de créer le consensus et la convergence de vision sur ce qui est essentiel, en minimisant l’accessoire. Le colloque de Buea a ainsi mis en lumière certaines de ces valeurs qui doivent nous mobiliser : le culte du mérite, l’excellence, la bonne gouvernance, le patriotisme, le dialogue, les apports de l’individu à la communauté, le sens de sacrifice, le changement, la conversion, selon le mot juste de l’évêque de Mamfe, Mgr Lysinge. Evoquant cette nécessaire convergence, il n’est pas superflu d’indiquer qu’elle n’est nullement le prétexte de gommer arbitrairement les différences. Comme le relève le président de la République, la diversité est bien partie intégrante de notre identité, tant la nature nous a pourvus en langues, tribus, climats, traditions, types humains, héritage colonial. Mais ce qu’il faut chérir et magnifier ce ne sont ni les langues ni les tribus, mais bien le pluralisme et la diversité eux-mêmes, la richesse qu’ils génèrent, et qui éclate dans la création culturelle et artistique, le football, les dons divers et variés, en un mot, dan le génie humain.

Il s’agit enfin de sacrifier au devoir d’inventaire et de vérité vis-à-vis des générations futures. En honorant la mémoire du passé, avec ses figures héroïques, afin d’y puiser la sève vivifiante nécessaire pour s’élancer vers l’avenir, et afin d’éviter de diluer notre être profond dans les sables mouvants de la mondialisation. « Il n’y a pas de grand peuple sans mémoire du passé », assure le président de la République. A cet égard, Buea a aussi écrit les pages d’une nouvelle histoire, dans la mesure où les noms, les photos, le combat des héros de la Réunification s’étale largement dans les revues, les livres, les banderoles, les films dédiés à l’avènement. Avec l’espoir que leur mérite s’inscrive dans les mémoires et les cœurs.

Et maintenant ? Maintenant, il s’agit d’avancer unis, autant que faire se peut, de continuer la belle œuvre déjà entamée. Parfaire la démocratie et construire la prospérité. C’est le défi actuel et futur. Nous y parviendrons en nous appuyant sur notre passé et sur notre culture. En capitalisant notre diversité. En donnant la primauté à la seule langue qui fera toujours l’unanimité, dans un pays aussi admirablement bariolé : la langue du mérite et de l’excellence.

 

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