Des centaines de bouteilles sont récoltées au quotidien par les agents de Recup plastic dans les quartiers.

Il faut voir l’expression du visage d’Emmanuel Arabou, jeune restaurateur, quand il se rend le lundi devant l’une des « bulles » jaunes postées au quartier Elig-Essono à Yaoundé. Déterminé, consciencieux même, le jeune homme vide frénétiquement ses sacs de bouteilles en plastique sous le regard d’un des agents du projet Récup plastic qui les réceptionne. Cela fait tout juste deux semaines que le restaurateur a adhéré au projet débuté en juin dernier.  « Dès que j’ai été mis au courant de cette activité de collecte et recyclage, j’ai commencé à collectionner les bouteilles vides. J’en ramasse un peu partout, je récupère celles que mes clients laissent à table...» Ce qui le motive encore plus, c’est le système de récompense mis en place par les responsables pour encourager la collecte des bouteilles. En effet, 10 bouteilles vides restituées donnent droit à un ticket pour une bouteille d’eau minérale. Le ticket donnant accès à une palette de six bouteilles d’eau est obtenu après la remise de 60 bouteilles. « Je vais encore gagner une palette d’eau aujourd’hui», se délecte déjà Emmanuel Arabou.

Depuis quelques mois, une vingtaine d’agents du projet Récup plastic se déploient du lundi au samedi dans plusieurs quartiers de la capitale. Elig-Essono, Mimboman, Etoudi, Cradat, Messassi, Mvan, le Rond-point Express, la Cité-Verte, Nkolmesseng, Messamendongo sont concernés. Martin Mbeti Mengue, agent Récup plastic, réceptionne les bouteilles entre 10 et 18h. Il les insère dans une « bulle », sorte de bac prévu à cet effet. « Je reçois entre 650 et 700 bouteilles par jour. Ces récipients causent d’énormes problèmes à l’environnement. On ne peut que s’en débarrasser.» Une fois les bulles remplies, les agents procèdent aux enlèvements. Un camion de la société d’Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) déverse ces bouteilles à la décharge où une équipe de tri procède au décompte avant recyclage. Le projet soutenu par Hysacam et les Brasseries du Cameroun vise à assainir la ville en même temps qu’à limiter les dégâts des bouteilles en plastique pour l’environnement. Yassim Ahmadou, cordonnier, a fait du ramassage de bouteilles une addiction. Son portefeuille est rempli de tickets soigneusement rangés, « en guise de souvenir des palettes d’eau gagnées», dit-il.