Alors qu’elle était attendue depuis le 7 février dernier, la reprise des négociations d’Addis-Abeba entre la délégation du gouvernement de Juba et celle des rebelles de l’ancien vice- président Riek Machar n’est toujours pas effective. Bien au contraire, plus de deux mois après le début des hostilités opposant les forces loyalistes à une rébellion composée des combattants mutins de l’armée et des milices ethniques, il est aisé de constater que non seulement les belligérants ne sont pas prêts à reprendre le dialogue, mais aussi et surtout les combats s’intensifient. Les rebelles ont lancé récemment une vaste offensive sur la ville de Malakal dans la région pétrolière du Haut-nil afin de la reprendre aux mains des forces gouvernementales. Des témoins observent que les combats de Malakal ont été extrêmement violents tandis que l’armée gouvernementale affirme avoir perdu le contact avec ses troupes à la suite de la contre-attaque des rebelles. .
Il est clair que les pertes, pour le Soudan du sud, sont énormes. Au moment où la haine ethnique s’attise, le conflit a déjà fait plusieurs milliers de morts et près d’un million de déplacés tandis que la production pétrolière, qui avait diminué d’au moins 15% en deux semaines de combats, continue de baisser de manière drastique. Au point où l’Union africaine a exprimé la consternation et la déception de tout le continent africain de voir la plus jeune nation du monde sombrer aussi rapidement dans un conflit stérile. L’autorité intergouvernementale pour le développement de l’Afrique de l’Est (IGAD) s’est pourtant approchée des belligérants, sous les auspices de l’Union africaine, pour dénouer la crise dès le déclenchement du conflit. Qu’il s’agisse de la rivalité opposant le chef de l’Etat à son ancien vice-président, de la tentative de coup d’Etat attribuée à Riek Machar, du désir d’élimination des rivaux reproché à Salva Kiir ou bien de la libération des prisonniers politiques voulue par les rebelles, toutes les divergences qui opposent les camps gouvernemental et rebelle peuvent être aplanies pour peu que les belligérants placent l’intérêt supérieur du Soudan du sud au-dessus de toute autre considération. Ils vont ainsi booster les efforts de l’IGAD, accroître les chances de paix et sortir du blocage actuel.