Une colombe lâchée dans les airs par le maître de céans. C’est sans doute l’image forte que l’on retiendra  de la conférence de presse donnée samedi dernier par le Pr Titus Edzoa en sa résidence de Mbalngong, dans la proche banlieue de Yaoundé. Particulièrement détendu, celui qui a recouvré la liberté le 24 février dernier à la faveur du décret de remise des peines signé par le président de la République, a accepté de répondre à toutes les questions portant à la fois sur ses 17 années de détention, son état d’esprit à l’heure actuelle, son avenir, ses rapports avec Thierry Michel Atangana… CT revient sur les principaux points de l’échange.

Sur son état d’esprit.

Titus Edzoa indique : « je vous reçois en tant que citoyen libéré et libre… Je tiens un langage qui est un langage de pacification, de paix. Quand on fait la paix, on ne choisit pas avec qui on la fait. C’est la paix avec tout le monde et surtout avec ceux qui avaient des ressentiments quelques fois cachés vis-à-vis de moi. » Et d’ajouter :« Je me porte relativement bien. »

Son engagement en politique

Titus Edzoa indique prendre du recul. « Ce recul veut dire me taire. J’ai appris ce qu’est le silence. Il n’est pas un comportement négatif. » Toutefois, fait-il savoir, « il n’est pas exclu que dans les mois, les années qui viennent, que je fasse de la politique. »

Ses rapports avec le Rdpc

« J’ai démissionné du gouvernement, ça ne veut pas dire que j’ai démissionné du Rdpc. »

Sa perception de la politique

Pour Titus Edzoa, « la politique n’est pas et ne doit pas être un instrument de violence qui amène à la jouissance ostentatoire. Pour moi, la politique est un instrument qui donne des possibilités, des chances à chacun pour atteindre un bien être global, que ce soit sur le plan matériel, mental ou spirituel. Je considère la politique comme un débat d’idées.  C’est cela qui m’autorise après 17 ans, avec beaucoup de sérénité à pardonner. »

Sa vie en prison

Ce sera le sujet d’un autre livre à paraître dans les prochaines semaines, précise-t-il.

Sa sécurité

« Je suis un Camerounais. Pourquoi voulez-vous que j’ai peur de me promener au Cameroun ? Surtout que je viens de recouvrer ma liberté », indique-t-il. Il émet par ailleurs le souhait de découvrir la ville de Yaoundé dans les prochains jours « Après 17 ans, je vois que les choses ont beaucoup changé. Et c’est sans peur. Ce n’est pas un challenge» dit-il. Le Pr. Titus Edzoa relève par ailleurs que le dispositif de sécurité trouvé à sa résidence après sa libération a été levé.

Son avenir professionnel comme médecin

« On est médecin à vie. Même au Sed, je continuais à exercer comme médecin. Mais dans la discrétion. Peut être que la dextérité de mes doigts a diminué, mais je n’ai pas encore vérifié. Je suis médecin et enseignant...»

Ses rapports avec Thierry Michel Atangana

C’est un peu gêné que le Pr Titus Edzoa aborde ce volet de l’entretien : « Ce monsieur, ce jeune homme, je suis le seul à savoir quel a été son calvaire. Là où il est parti, il sait qui je suis pour lui. Même dans le silence. Transmettez- lui toujours mon encouragement. Tout ce qui a pu se dire, pu se faire, gardez ça pour vous. Il est aujourd’hui un homme libre et les 17 années vont lui servir pour voir le monde d’une autre façon. Nos rapports n’ont aucune importance. Ça été un fils, un directeur de campagne, un compagnon de misère, je me dois et je ne peux que le respecter. »