Le « duel des stars » tant attendu a donc rendu son verdict sans nécessairement tenir toutes ses promesses. Le Cameroun a été battu sévèrement par le Portugal dans un match amical qui en plus de tenir en haleine u ne bonne partie du public, aura suscité des réactions très contrastées.

   A s’en tenir au marquoir, il ne fait aucun doute : la loi du plus fort a prévalu et le résultat n’est que la traduction de l’énorme fossé qui sépare les Lions du sommet de la hiérarchie mondiale du football. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, l’un des paradoxes de cette rencontre préparatoire de la Coupe du monde 2014 réside dans le fait que le score final (5-1) ne reflète pas forcément la physionomie globale de la partie. Après un léger flottement dans les cinq premières minutes, c’est une sélection camerounaise bien en place et relativement équilibrée dans ses différents compartiments qui a tenu la dragée haute à Ronaldo et aux siens, au point de les faire douter par moment et de s’attirer les sifflets de leurs propres supporters outrés par la « résistance » camerounaise. Et de ce point de vue, l’ouverture du score par l’équipe hôte a quelque peu surpris. Le remise à l’heure des pendules aura prouvé que les Lions avaient de la ressource physique et du mental. Après la pause, beaucoup voyaient nos fauves continuer sur la même lancée pour mieux accrocher, voire battre un adversaire supposé plus fort sur le papier. Et puis patatras ! En une poignée de minutes, le match a basculé et la victoire a choisi son camp.

Face à la tournure inattendue des événements, une question centrale se pose : comment une équipe du Cameroun qui figure actuellement à la 46è place du classement mondial Fifa a pu tenir en échec pendant près d’une heure de jeu à la quatrième meilleure équipe mondiale de l’heure avant de faire naufrage dans les vingt dernières minutes ?  La réponse, il faut certainement la chercher du côté de ce qui a fait la différence entre les deux formations. Les matches de haut niveau se jouent souvent sur des petits détails qui ont toute leur importance. Dans la logique du football moderne, l’essentiel n’est pas de  « bien jouer » mais de marquer des buts. En y regardant de plus près, on se rendra compte que la victoire portugaise s’est élaborée à partir des ingrédients apparemment simples : un jeu varié fait de vivacité, combinant des « une-deux » dans un mouchoir de poche, des balles longues sur le dos de la défense, des dédoublements et autres passements de jambes pour mieux exploiter les boulevards créés notamment sur le flanc droit de la défense camerounaise. Mais au-delà de la supériorité technique et tactique de l’adversaire, l’effondrement subit des Lions s’explique aussi par leurs propres lacunes. L’euphorie de la dernière victoire face à la Tunisie à Yaoundé nous a peut-être fait oublier  les péchés mignons d’une sélection qui a toujours du mal à entrer dans un match et à le gérer à des moments cruciaux. Le manque de liant entre les lignes, la stérilité devant les buts, une fébrilité défensive privilégiant le jeu en retrait ne sont pas en reste.

Au final, on a comme l’impression que les Lions ont donné à l’adversaire le gourdin pour les assommer. Quoiqu’il en soit, l’heure n’est pas aux procès en sorcellerie comme le font déjà certains, mais de voir ce qui n’a pas marché dans le bloc équipe du Cameroun. La défaite face au Portugal peut être une bonne chose si elle sert à prendre conscience du chemin qui reste à faire  pour aborder dans trois mois la Coupe du monde dans des meilleures conditions. Compte tenu des délais, on n’ira pas inventer une autre équipe. L’effectif actuel a besoin d’être mieux managée pour libérer tout son potentiel. Il est plus que jamais nécessaire de multiplier les matchs amicaux et autres regroupements pour donner plus de cohésion et de hargne aux Lions indomptables.