Et de 29 pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Le parti majoritaire est en fête ce jour. Les militants organisent, par conséquent, une série d’activités dans les commissions communales de campagne mises en place lors du double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013 et au siège du parti à Yaoundé. Pour les observateurs de la scène politique, c’est l’occasion rêvé pour revisiter le parcours du RDPC. Depuis le 24 mars 1985 à Bamenda, le parti du Flambeau a déjà fait du chemain. Le bilan est plus qu’élogieux. Après les soubresauts des premières années du retour au multipartisme, le RDPC a repris sa position de parti leader. Cette hégémonie est perceptible dans la plupart des conseils municipaux, au parlement (Sénat, Assemblée nationale) et même au sommet de l’Etat. A toutes les consultations électorales, les candidats du parti au pouvoir raflent toujours la majorité des suffrages. Ceci s’est encore vérifié en 2013, année électorale, par excellence,au Cameroun. Le RDPC a raflé la majorité des sièges au Sénat, à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux.
Si face à ses adversaires politiques, le parti au pouvoir n’a presque rien à craindre, de plus en plus, le géant politique a mal à sa discipline interne. D’ailleurs, abordant le sujet au cours du troisième congrès extraordinaire de 2006, le président national, Paul Biya, a montré du doigt les luttes de positionnement entre les personnalités-ressources et les présidents de section en ce termes : « Je le dis et je le répète, le RDPC doit être un parti de militants et non un parti d’état-major. Bien sûr, la libre discussion ne doit pas conduire à l’anarchie ni aux luttes de faction. Une fois les décisions prises, démocratiquement et selon les statuts, elles doivent être appliquées avec discipline et intelligence ». Le RDPC est devenu un terrain d’affrontement entre camarades. En témoignent les batailles enregistrées lors des investitures des candidats du parti aux dernières consultations électorales. On a même enregistré au niveau de la Cour suprême des recours des militants contre le parti. Du côté d’Elections Cameroon, des personnes ayant tenté de déposer frauduleusement leur dossier de candidature ont été éconduites pour défaut de qualité. Des comportements qui trahissent un malaise interne dans la principale formation politique du Cameroun.
Sans être la marque de fabrique du RDPC, l’indiscipline y a pourtant pris racine. Il n’y a qu’à écouter les débats du week-end sur les plateaux de télévision et dans les chaînes urbaines. Régulièrement, des militants prennent ostensiblement position contre les idéaux du parti. Ils défendent avec force argument des points de vue qui n’ont rien avoir avec la ligne du RDPC. Dans certains cas de figure, ces actes d’indiscipline n’épargnent pas le secrétaire général du Comité central. Jean Nkuete est régulièrement la cible d’attaque en règle de la part de ceux-là mêmes qu’il est censé diriger au grand étonnement de l’opinion. A côté de la personne du secrétaire général, certains militants ne croient pas devoir se plier aux directives du Comité central lors de la désignation des responsables dans les communes contrôlées par le RDPC. Les cas de bras de fer entre conseillers municipaux et délégués du Comité central sont légion. Les dernières élections des exécutifs communaux ont mis en exergue une base de plus en plus en opposition ouverte avec le sommet. Comme si cela ne suffisait pas, d’autres cadres du parti entreront dans la danse. On a ainsi assisté, non sans gêne, à une guéguerre entre les sénateurs et les députés du RDPC. Problème de préséance, refus par les uns de défendre le budget devant les autres. Autant de dérapages qui ont nécessité un recadrage du président national. C’est ainsi que pour siffler la fin de la récréation, le président national a signé le 5 décembre 2013, une décision portant désignation d’une commission de discipline ad hoc du Comité central, chargée de connaître des cas d’indiscipline relevés lors des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013. En installant les membres de la commission de discipline, Jean Nkuete n’a pas manqué de fustiger l’attitude de certains militants. « Ces comportements sont irresponsables. Ils relèvent de l’indiscipline et ils ne peuvent pas indéfiniment être tolérés. S’agissant d’ailleurs des cas que je viens d’évoquer, le président national a donné des instructions fermes pour qu’ils ne restent pas impunis » avait-il martelé. Depuis lors, les militants visés passent devant le président de cette commission, Peter Mafany Musonge. Les travaux sont en cours.
Du côté des parlementaires, un séminaire vient de regrouper les sénateurs et les députés autour du secrétaire général du Comité central. Au menu, des communications. Le tout dans un souci d’éviter au parti majoritaire, le spectacle de ces élus qui s’étripent sur la place publique, au risque de marquer contre leur propre camp. Evoquer ces entorses à la discipline au sein du parti-phare du Cameroun ne saurait s’associer à de l’acharnement. D’ailleurs quelques responsables assurent que le parti est debout et que c’est la presse qui grossit les épiphénomènes. Soit. Il reste cependant vrai qu’au RDPC, la discipline est à l’épreuve du terrain. Et ceci n’échappe pas au secrétaire général du Comité central. S’adressant à ses camarades dans une circulaire à la faveur de la célébration du 29e anniversaire, Jean Nkuete a choisi de les entretenir sur la portée du thème : « le RDPC, creuset de la cohésion nationale, au service de l’émergence du Cameroun » Pour lui, il s’agit d’un thème fédérateur qui renvoie aux fondements même du parti. « En effet, le rassemblement implique, l’unité, la solidarité, la mise en commun, dans la discipline des forces et des énergies afin d’impulser la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers », déclare le SG. A méditer en ce jour anniversaire.
