L’auteur des « Bimanes », vedette d’une journée scientifique hier à Yaoundé, se servait de sa discipline pour défendre la cause des personnes marginalisées.
Son œuvre « Les Bimanes » a marqué plusieurs générations. Dégusté à l’école ou pour sa propre distraction, on s’est fendu de rire en lisant les sept nouvelles du recueil livrant les rancunes d’un commerçant au ministère du soya, ou les malheurs de ce prétendant tiré à quatre épingles, brûlé par une pâte d’arachide un peu trop chaude… Ce n’est pas pour parler uniquement de ce classique de la littérature camerounaise qu’une journée scientifique a été consacrée hier à Séverin Cécile Abéga. Le but était de présenter le métier d’anthropologue de ce romancier, nouvelliste et dramaturge camerounais.
L’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) a accueilli l’événement sur le thème : « Anthropologie des marges et marges de l’anthropologie : hommage à Séverin Cécile Abéga ». Voir et analyser l’auteur sous un autre angle, celui de l’anthropologue, du chercheur.
Le thème choisi est assez complexe pour le profane, mais les différents orateurs l’ont éclairé. Le terme marge révèle qu’il était un anthropologue anticonformiste. C’est ce qu’explique le Pr. Claude Abe, sociologue et proche du regretté écrivain : « Sa conception de l’anthropologie le conduit aux choix de thématiques qui bousculent ou repoussent les frontières classiques de cette discipline même s’il n’abandonne pas les préoccupations originelles telles que les rites, la sexualité, le droit/la justice ou la violence. »
Une spécificité qui rendait si spécial son travail de socio-anthropologue. Car Séverin Cécile Abéga a laissé son penchant pour la littérature et l’histoire de l’art influencer ses recherches. « Séverin Cécile Abéga s’intéressait aux personnes vivant en marge de la société, ces catégories sociales victimes d’exclusion, de marginalisation tels que les pygmées, les pauvres ou les malades du sida. », a rappelé le Pr. Claude Abé. Une opinion partagée par le Pr. Marie Thérèse Mengue, vice-doyen de la Faculté des sciences sociales et de gestion de l’UCAC, qui reconnaît en l’anthropologue et universitaire qu’était Séverin Cécile Abéga, un homme doté d’un grand sens de l’humour. Le vice-doyen a également souligné son dynamisme et sa simplicité. Séverin Cécile Abéga (1955-2007) au-delà de nouvelles et contes, a rédigé d’autres ouvrages plus portés sur l’anthropologie. Entre autres, « Les choses de la forêt. Les masques des princes Tikar de Nditam » (2000) et « Le retour de la société civile en Afrique » (2007), publiés aux Presse de l’UCAC.
