La libération de quatre journalistes français, après dix mois de captivité en Syrie, a suscité une joie légitime en France comme ailleurs. En effet, dans ce pays où les troupes gouvernementales livrent bataille, depuis trois ans contre des rebelles regroupés sous la bannière de l’Armée syrienne libre (ASL) et du Conseil national syrien (CNS), l’irréparable aurait pu être commis car des morts y sont enregistrés pratiquement chaque jour.
S’il convient de se réjouir de la libération des journalistes français et donc de saluer les efforts déployés pour obtenir ce résultat dans un pays en guerre, on ne peut manquer de noter que les révélations selon lesquelles des Français, des Belges, des Italiens, voire d’autres nationalités se trouvent en Syrie « pour faire du jihad » constituent une préoccupation forte car le jihad en Syrie est le plus grand mouvement de cette nature organisé depuis le déclenchement de la guerre en Afghanistan. En même temps qu’elle est angoissante pour ce conflit qui perdure malgré une médiation internationale soutenue, la présence des ressortissants étrangers dévoile des liens dangereux qui non seulement compliquent la crise syrienne mais aussi conduisent à se pencher sur les filières qui acheminent les combattants dans ce pays .
Le cas des Français partis se battre en Syrie a posé un problème particulier en 2013, année où le nombre de volontaires a augmenté de manière importante. La dernière étude réalisée par l’Institut britannique spécialisé sur la problématique des jihadistes étrangers évaluait le nombre de Français à 413. Le recrutement de ces jihadistes semble s’être resserré autour des jeunes de 20 à 35 ans plus déterminés et plus radicaux dans leurs choix. Il concerne des jeunes qui ont succombé au message radical notamment délivré sur le web. Ce phénomène ne se limite malheureusement pas aux gens marginalisés sur le plan social. Ce n’est pas un hasard si la France dont 250 ressortissants combattaient des groupes islamistes radicaux en Syrie, selon le ministère de l’Intérieur, a adopté un plan de lutte contre les réseaux qui fournissent des combattants à ce pays. La multiplication des sources de production des miliciens est telle que ceux-ci s’entredéchirent souvent sans pour autant que les combats baissent d’intensité. Plus grave, maîtrisant le terrain, ces combattants semblent avoir fait de l’insécurité, un fonds de commerce.