Le jury de ce festival récemment organisé au Québec a sélectionné les films de Rosalie Mbele Atangana et Armand Richard Enama.
A « Vues d’Afrique », rendez-vous incontournable du cinéma africain et créole au Canada, deux réalisateurs camerounais étaient de la partie. Rosalie Mbele Atangana avec son film documentaire « Fortuna, la maman de la maman », et Armand Richard Enama, alias Richie-en-Dada, avec son court-métrage « La poudre aux yeux ». Deux films au ton engagé. Dans la production de 26 minutes signée Rosalie Mbele Atangana, chef de production à la télévision nationale, la souffrance des petites filles esclaves est incarnée par Fortuna. La jeune fille est une domestique mineure, venue de la région du Nord-Ouest Cameroun et « employée » dans une famille résidant à Yaoundé. Le salaire est reversé aux parents de Fortuna : 200.000 F par an. La réalisatrice a choisi de dénoncer la traite des petites filles, phénomène autour duquel un commerce illégal prospère, l’activité ayant pris des proportions significatives, faisant de ces filles entre 8 et 14 ans, des cibles idéales.
Le film, réalisé avec la collaboration du Conseil international des radios-télévisions d’expression française (CIRTEF), est une preuve de reconnaissance pour Rosalie Mbele Atangana, depuis 26 ans à la Crtv. « Je ressens de la fierté pour le Cameroun et surtout pour la Crtv qui rayonne à l’extérieur, mais aussi une fierté personnelle d’être reconnue comme une professionnelle », affirme celle qui a participé à nombre de festivals de renom, comme le Fespaco à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Un combat tout aussi louable fait l’objet du court-métrage de Richie-en-Dada, « La poudre aux yeux ». En 23 minutes, le film peint l’histoire d’un patron injuste face à ses employés impayés de la Radio Coup de gueule. Le véritable héros du film c’est Ekobena, qui avec ses collègues organisent une grève, mais se rendent vite compte de la corruption ambiante au sein de l’inspection du travail à laquelle ils font appel.
Ce thème ne pouvait pas mieux tomber, en cette période de la fête du travail, où l’on reparle des droits du salarié. Au Cameroun, « La poudre aux yeux » avait participé aux derniers Ecrans Noirs, à la Nuit du court-métrage, entre autres festivals. C’est la deuxième fois que le réalisateur camerounais est sélectionné pour « Vues d’Afrique ». L’an dernier, il y était pour présenter « L’argent soigne la mort », un autre court-métrage de 28 minutes. En 2014, le Festival Vues d’Afrique qui s’est achevé hier en était à sa 30e édition. « Fortuna » y a été projeté le 1er mai et « La poudre aux yeux » samedi dernier au Cinéma Excentris à Montréal.
