Verdict de l’audience mardi : deux de ses co-accusés ont écopé de 10 ans de prison, tandis que le troisième, Foe Atangana Serges, en fuite, est condamné à vie.
« Je n’ai pas pris un seul franc de cet argent.»
La dernière déclaration de Caroline Mbo Salla devant le tribunal n’aura pas eu l’effet souhaité, ou presque. Le chef d’agence de la Caisse d’épargne et de crédit pour le développement (Caced), bien que revenue sur ses déclarations avouant certains de ses torts, a été déclarée coupable du détournement de deniers publics en coaction et condamnée à dix ans de prison ferme. C’est dans la cadre de l’affaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun, (ministère des Finances) dont le verdict a été rendu mardi. Ses co-accusés, Apollinaire Atangana Abega et Roy Georges Momeni Modoum, ont reçu la même peine. La somme détournée s’élevant à plus de 82 millions F. Le co-accusé Serges Foe Atangana, en fuite, a été condamné à la prison à vie après qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. Les quatre accusés devront s’acquitter du préjudice matériel de 82 554 636 F tel que proposé par les avocats du ministère public. Le tribunal a rejeté le chef de demande du préjudice financier de 100 000 000 F également réclamé. Les accusés ont par contre été contraints au paiement solidaire de la somme de 4 631 376 F.
Selon le ministère public, les co-accusés ont mis en place un vaste réseau de soustraction de fortes sommes d’argent au détriment du ministère des Finances. Ils percevaient ainsi, à la fin de chaque mois depuis 2006, les salaires d’une quinzaine de fonctionnaires fictifs. Caroline Mbo Salla était présentée comme l’une des figures de proue de cette chaîne. C’est elle qui aurait ouvert ces comptes fictifs dans sa coopérative moyennant un pourcentage. L’étude de ces dossiers d’ouverture de compte a révélé qu’ils étaient truffés de fausses pièces d’identité et d’empreintes digitales identiques sur plusieurs dossiers différents. Caroline Mbo Salla a d’ailleurs eu à reconnaître qu’elle possédait trois procurations lui permettant de percevoir ces salaires. Considérant les aveux faits volontairement par les accusés, le Tribunal a fait bénéficier les accusés de circonstances atténuantes.
Lors de l’audition des témoins de l’accusation, Mohamadou Ousman, chef de la cellule des Etudes et Synthèses à la direction de la Dépense du personnel et Pensions au ministère des Finances (Minfi) a révélé que Nkollo Ndongo Eugène, l’un de ses anciens collaborateurs, en fuite, était la plaque tournante de ce vaste réseau car il réceptionnait et traitait les dossiers. Les accusés étaient placés sous mandat de détention provisoire depuis le 22 octobre 2009.
