A Bandjoun Station, deux œuvres de Nzante Spee remises au goût du jour, rappellent la nécessité de protéger le patrimoine contemporain.

C’est presque les larmes aux yeux que Barthélémy Toguo parle de celui qu’il considère comme son maître. Nzante Spee, artiste de génie, disparu en 2005 a vu ses œuvres (plus de 200), emportées aux Etats-Unis, au nom d’une liaison plus que dangereuse, avec une expatriée. Barthélémy Toguo, l’artiste contemporain camerounais, reconnu à travers le monde, qui a ouvert en février dernier le musée d’art contemporain Bandjoun Station, a décidé de ne pas laisser passer ça. Il a entrepris de réhabiliter progressivement ce génie méconnu, décédé à 52 ans dans l’anonymat et l’oubli. Et pourtant, pendant plus de vingt ans, Nzante Spee va marquer les arts plastiques et le milieu culturel camerounais en général. Son style, mi-caricatural, souvent surréaliste, est toujours marqué d’une pointe d’ironie.

Dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, il découvre une maison, un « Spee art Center » en ruines. Et des proches désemparés. Dénués. « J’ai retrouvé sa famille à Bamenda, dans une petite maison, que l’artiste avait dessiné. Les portes, le salon, le mobilier intérieur, la décoration de sa salle de spectacle, parce qu’il jouait à la guitare, les murs de sa cuisine, de son salon. C’est vraiment une caverne d’Ali Baba. Cette maison est un musée », ajoute-t-il. Là, selon le plasticien, il y a à peine cinq œuvres du disparu. Quelques-unes ont été déposées à Bandjoun Station, afin d’être vues  par un large public. Barthélémy Toguo souhaite que, ce que Sunday Nzante Spee, en tant que grand artiste a pu développer dans sa vie artistique soit reconnu, que ses œuvres reviennent au pays et que le service du patrimoine puisse veiller à ce que des œuvres comme celle-là soient restaurées et protégées.