Des raisons sécuritaires sont évoquées, mais on s’inquiète pour les déplacés Centrafricains notamment.
La fermeture de la frontière entre le Tchad et la Centrafrique aura « des conséquences dramatiques … pour les civils qui fuient les violences dans leur pays ».
L’affirmation est d’Amnesty International qui a exhorté, mercredi dernier, N’djamena à revenir sur sa décision prise deux jours plus tôt. Pour l’organisation de défense des droits de l’Homme, la fermeture de la longue frontière, de plus de 1 000 km, qui borde le sud du pays ne fera qu’aggraver la situation.
La présidence tchadienne a pourtant justifié son geste par le souci d’éviter les infiltrations de combattants armés susceptibles de semer le trouble dans la région transfrontalière. Une réponse à ceux qui indexaient la perméabilité de la frontière, y voyant un facteur aggravant de la crise centrafricaine. « Nous avons voulu absolument que toute la zone et la population soient sécurisées. Mais c'est également pour éviter que la Centrafrique ne puisse avoir des malfrats qui puissent traverser nos frontières pour aller faire du mal de l’autre côté », a indiqué, mardi dernier, le ministre tchadien de la Communication, Hassan Sylla. Il a précisé que son pays a reçu plus de 150 000 personnes fuyant la crise centrafricaine, des Tchadiens et aussi des réfugiés. En outre, seuls les Tchadiens désireux de retourner dans leur pays à partir de la Centrafrique peuvent désormais franchir la frontière, « jusqu’à ce que la crise centrafricaine soit résolue » a précisé le président Idriss Deby.
Pour autant, nombre d’observateurs ne sont pas convaincus de l’efficacité de cette mesure. Pour Christian Mukosa, spécialiste de l’Afrique Centrale à Amnesty International, N’djamena « ferme la porte aux personnes qui veulent quitter la République centrafricaine pour se réfugier au Tchad, les condamnant ainsi à souffrir davantage ». Ce responsable de l’Ong insiste pour que les civils centrafricains ne soient pas renvoyés de l’autre côté de la frontière, où ils peuvent être attaqués ou tués. Il appelle dans le même temps la communauté internationale à « faire plus » pour soutenir les dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui la Centrafrique pour se rendre au Tchad. Une façon de relayer l’appel lancé, le mois dernier, par les autorités tchadiennes à la communauté internationale pour une aide de 32 millions d’euros, en faveur des réfugiés. Plus de 360 000 personnes au total ont déjà fui la République centrafricaine pour se réfugier dans les pays voisins.
