La Guinée-Bissau a probablement ouvert, mardi dernier, une nouvelle page de son histoire avec la proclamation sereine des résultats du second tour de la présidentielle.
Dans ce pays célèbre pour ses coups d’Etat, cet exercice n’était pas du tout acquis d’avance.
Au-delà de la victoire de José Mario Vaz , candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap vert (PAIGC) , la formation politique majoritaire, avec 61,90 % des voix contre 36,10 % pour Nuno Gomez Nabiam, candidat sans étiquette , mais notoirement apprécié par l’armée , il y a certainement lieu de relever que les résultats publiés par la Commission nationale électorale (CNE) ne souffrent pratiquement pas de contestation . En principe, ces résultats provisoires devraient être confirmés par la Cour suprême qui dispose de 48 heures pour examiner les réclamations. Il faut surtout relever que l’armée, dont l’ingérence intempestive dans les affaires de l’Etat s’est souvent manifestée par des coups de force, est restée dans les casernes. Mieux, elle a relevé, dans un communiqué, qu’il n’y a pas de situation alarmante, tout en soulignant qu’elle restera soumise au pouvoir politique et respectera le verdict des urnes. Ayant reçu en audience, mardi après-midi, les deux finalistes de la présidentielle, après la publication des résultats provisoires, en présence du chef d’état-major de l’armée, le général Antonio Indjaï, le président de transition, Manuel Serifo Nhamadjo, peut témoigner de ce que la grande muette est bien ancrée dans la nouvelle ère bissau-guinéenne. Les observateurs de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) , du gouvernement cap-verdien et de l’Organisation des Nations unies ont salué le bon déroulement de la présidentielle.
Il s’agit maintenant de rompre avec le passé avec des actes concrets pour tourner définitivement page de l’instabilité politique et donner à l’élu des Bissau-guinéens les moyens de s’attaquer efficacement à la pauvreté. Le pays, qui figure parmi les derniers au monde, selon l’Indice de développement humain (IDH), a effectivement besoin d’une nouvelle cure pour changer de cap. Mais aussi du soutien de la communauté internationale et des partis politiques.