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Dossier de la Rédaction

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Sécurité : pas de concession

Liés par la géographie, l’histoire et même la culture, en raison de la parenté des populations installées des deux côtés de la frontière commune, le Cameroun et le Tchad entretiennent d’excellentes relations d’amitié et de fraternité. En témoignent la présence d’une forte communauté tchadienne au Cameroun et camerounaise au Tchad d’une part, la richesse et l’intensité de la coopération entre Yaoundé et N’Djamena d’autre part. Une coopération qui a notamment permis la réalisation d’importants projets mutuellement bénéfiques, dont un pipeline long de 1010 kilomètres qui relie les champs pétroliers de Komé au Tchad à Kribi et la route Touboro-Moundou longue de 400 km. La visite d’amitié et de travail effectuée jeudi et vendredi derniers à Yaoundé par le président Idriss Deby Itno, à l’invitation de son homologue Paul Biya, a permis de renforcer les liens bilatéraux, notamment en ce qui concerne les questions de paix, de sécurité transfrontalière et de développement économique.

Il ne pouvait du reste en être autrement, quand on sait que le Cameroun et le Tchad qui partagent les mêmes idéaux de paix, de fraternité, de solidarité et de stabilité sont, depuis quelque temps, confrontés à des préoccupations communes aux plans sécuritaire et humanitaire : circulation des armes, afflux des réfugiés… En raison de leur voisinage avec le Nigeria, à partir d’où, des partisans de la secte islamiste Boko Haram opèrent et de la République centrafricaine où l’instabilité socio-politique a fait son lit.

Dans le toast qu’il a prononcé  jeudi à l’occasion du déjeuner offert en l’honneur de son hôte Idriss Deby Itno, le président Paul Biya a été clair au sujet de la gravité de la situation sécuritaire dont sont victimes les peuples tchadien et camerounais. « Les événements qui ont déstabilisé la RCA et l’activité terroriste de Boko Haram à partir du Nigeria, deux pays avec lesquels le Tchad et le Cameroun partagent une frontière commune ( …) présentent un caractère évident de gravité pour la sécurité de nos pays », a-t-il déclaré .  Et d’ajouter , afin que nul n’en ignore sur la détermination de Yaoundé et N’Djamena à relever ce défi : « pour les pays comme les nôtres, la sécurité est un  impératif catégorique. Elle commande non seulement notre stabilité politique, mais aussi nos efforts de développement. C’est un sujet sur lequel nous ne pouvons pas faire de concession. »

Une analyse de la nouvelle donne sécuritaire sous-régionale que partage entièrement le président Idriss Deby Itno. Conséquence logique de cette convergence de vues, les chefs d’Etat  du Cameroun et du Tchad ont, durant leur tête-tête, réaffirmé leur engagement à œuvrer au renforcement de la paix, de la sécurité à leur frontière commune, prescrit à leurs administrations respectives de coopérer davantage dans la lutte contre la criminalité transfrontalière, le braconnage et le pillage des parcs et aires protégées. S’agissant de la situation dans certains pays voisins,  Paul Biya et Idriss Deby Itno ont confirmé leur volonté de continuer à œuvrer pour la paix en RCA et ont convenu de rendre plus efficace la mutualisation de leurs  efforts et prescrit une concertation plus dense entre leurs forces armées, le long de leur frontière, afin de lutter efficacement contre les activités du groupe Boko Haram.

Bien que l’insécurité frontalière ait été au centre des échanges entre le président de la République et son homologue tchadien, il convient de relever que les sujets d’ordre économique n’ont pas été négligés. Yaoundé a,  en effet, réitéré sa détermination à s’impliquer dans l’initiative « Sauver le lac Tchad », une étendue d’eau qui fait vivre directement 30.000 personnes et dont la disparition  causerait  un  désastre écologique. Les deux chefs d’Etat ont  également salué la signature prochaine des projets de construction de la voie ferrée reliant Ngaoundéré à N’Djamena et le deuxième  pont frontalier sur le Logone entre Kousseri et N’gueli.

Au total, la visite du président Idriss Deby Itno au Cameroun la semaine dernière a permis aux deux pays de réaffirmer leur détermination à ne faire aucune  concession pour préserver la sécurité et à faire front commun  pour empêcher que l’instabilité s’installe à leurs frontières respectives. Convaincus que sans paix, sans stabilité, leurs efforts de développement seront vains.

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