Jacob Zuma a repris l’initiative économique. En annonçant, samedi dernier, la mise en œuvre des politiques socio-économiques radicales, lors de son investiture pour un second mandat à la tête de la nation arc-en-ciel , le président de la République a non seulement intégré les préoccupations qui tiennent à cœur de nombreux Sud-africains, mais aussi et surtout, il s’est efforcé d’y rechercher des solutions réalistes.
Au-delà de la nomination de Cyril Ramaphosa au poste de vice-président de la République et de Nhlanhla Nene comme ministre des Finances, la nouvelle impulsion imprimée dans les affaires de l’Etat résulte de la création des nouveaux ministères dédiés à la croissance des entreprises, au développement rural, aux réformes agraires, à la lutte contre le chômage et les inégalités, à la construction des infrastructures de base plus particulièrement dans les quartiers les plus pauvres du pays. La nouvelle orientation managériale sud-africaine découle du récent diagnostic de l’économie du pays. Selon ce diagnostic, l’Afrique du sud, naguère considérée comme la première puissance économique du continent noir, a perdu sa place de leader avec 370 milliards de dollars de Produit intérieur brut en 2013, contre 510 milliards pour le Nigeria. Plus grave, les remous survenus notamment dans les mines d’or et de charbon ont exacerbé les problèmes de pauvreté qui perturbent la vie de 45% des Sud-africains. Une précarité qui se décline sur fond d’inégalités après 20 ans de démocratie multiraciale sous la bannière de l’African National Congress (Anc). Illustration avec le taux de chômage qui s’élève à 25% chez les jeunes. L’ampleur du phénomène des bidonvilles traduit également le drame vécu par 13% des 50 millions de Sud-africains parfois sans eau courante, ni électricité. Toutes ces zones d’ombre, conjuguées aux effets néfastes de la longue grève qui affecte les mines de platine depuis quatre mois, ont conduit la Banque centrale sud-africaine à réviser, le 22 mai dernier, ses prévisions de croissance de l’économie nationale à 2,1 % pour 2014 contre 2,6 %. D’où la nécessité de changer de cap.
Il s’agit désormais de créer des conditions nécessaires pour la réussite de la nouvelle impulsion proposée par Jacob Zuma. De sorte que le chômage et la pauvreté reculent effectivement jusque dans les townships les plus éloignés.