Alors que l’entreprise entame en ce début juin, son installation dans ses nouveaux locaux, des inquiétudes apparaissent.
Qui croire ? Une source bien introduite en interne qui parle de 317 Vietnamiens sur environ 600 employés. La direction générale parle de 100 à 150, comme pour y mettre un bémol. Cette divergence illustre bien la fébrilité qui a gagné Viettel Cameroun, dont le lancement officiel des opérations est prévu le 18 septembre. Au-delà de la « camerounisation » complète des cadres, c’est la main trop mise du partenaire vietnamien, avec des personnels arrivés du Vietnam, tous cadres supérieurs, qui fait grincer des dents auprès de certains employés camerounais.
« Le partenaire ne laisse pas complètement les mains libres aux locaux, se plaint ce cadre maison. Car, plus l’assistance technique est grande, plus le loyer de cette assistance à Viettel Global est élevé », indique notre source. Pour un autre, il y a un certain nivellement vers le bas, et les salaires ne correspondent pas à celles des entreprises de télécommunications qui opèrent localement : « Au niveau des techniciens, quand vous êtes des agents de maîtrise ça les arrange. Ils privilégient les ingénieurs de travaux du niveau bac+3, qui peuvent se contenter du minimum et être malléables. Alors que les activités exigent des ingénieurs de conception niveau bac+5 qui sont même mis de côté, sinon marginalisés. »
« Il faut attendre que l’activité démarre concrètement avant de juger Viettel Cameroun. Nous ne produisions encore rien pour l’instant », réagit, un brin agacé, le directeur général adjoint, Moise Bayi. Au sujet du personnel, la présence des Vietnamiens se justifie par l’assistance technique. Et à l’en croire, quel que soit leur nombre, cela n’a aucune incidence sur Viettel Cameroun. « Ils viennent construire le réseau. L’objectif en faisant venir ces cadres vietnamiens est d’assurer le transfert de technologie. Nous voulons construire nos propres produits, sans forcément débaucher chez des concurrents. Par ailleurs, nous avons opté pour des jeunes. La moyenne d’âge ici est de 24 ans, et pour un premier salaire, c’est assez intéressant», poursuit-il.
Le Dga est conscient du choc des cultures : « Nous avons une mentalité occidentale, ils nous apportent et nous leur apportons aussi. On apprend en interne à travailler ensemble. C’est vrai, au départ, nous avions eu quelques soucis qui se dissipent progressivement. Nous avons une grosse pression. Lancer ce réseau en un an, n’est pas aisé ». Pour ce qui est de la perte subie sur des équipements importés, il explique que cela est dû « à une loi prise par le gouvernement concernant la politique en matière de télécom. Et pas, comme certains le pensent à tort, à des dysfonctionnements internes ». Tout cela est-il de nature à remettre en cause le lancement ? « Non », rétorquent les concernés.
« Il existe des barrières linguistiques, une incompréhension de l’environnement et une approche divergente de la notion de travail. Tout cela est une question de management interculturel », estime pour sa part Rostant Tané, consultant en intelligence économique. Pour lui, le lancement de Viettel va effectivement avoir lieu, « mais c’est au niveau de la gestion que ça coince encore. Le gouvernement devrait regarder le dossier de près ; parce qu’il y avait une promesse d’emplois locaux. On n’avait jamais vu une entreprise étrangère, lors de son installation, faire venir des cadres étrangers aussi nombreux », ajoute le consultant.
Ce début juin, Viettel doit quitter l’immeuble Flatters à Bonanjo, pour intégrer ses nouveaux locaux : Boulevard de la Liberté (direction régionale) et face palais Dika Akwa, Boulevard de la République à Douala, pour la direction générale. Les grandes manœuvres ont effectivement commencé avant le jour-J. En toute sérénité ?
