Alors que l’histoire et la géographie ont voulu les rapprocher, les populations du Congo-Brazzaville et de la République démocratique du Congo ont entrepris, depuis le 4 avril dernier, de s’éloigner à travers l’opération d’expulsions de Brazzaville des Congolais de l’autre rive . Plus de 130.000 citoyens de la R.D.C ont ainsi déjà été expulsés du Congo voisin dans des conditions difficiles. Au point où la MONUSCO (Mission des Nations unies pour la stabilisation de la R.D.C) n’a pu s’empêcher de tirer la sonnette d’alarme dans un communiqué publié avant-hier.
La MONUSCO note avoir reçu des informations sur des violences physiques et des mauvais traitements infligés aux citoyens de la R .D.C. pendant les expulsions et exhorte Brazzaville à empêcher de telles exactions tout en souhaitant qu’une enquête soit menée sur ces incidents qui sont à l’origine d’une grave crise humanitaire .
En temps ordinaire, il ne suffisait que d’un simple laissez-passer pour traverser le fleuve Congo dans un sens comme dans l’autre et séjourner dans le pays voisin. Même si ce laissez-passer, qui était valable pour 72 heures, ne constituait nullement un document de séjour. Entre-temps, des citoyens, qui ne sont pas en odeur de sainteté auprès de leur gouvernement, ont pollué l’atmosphère des deux côtés du fleuve. A Brazzaville, on relève que l’opération d’expulsions d’étrangers est liée à la lutte contre la criminalité. Elle n’a pas pour but de traquer les ressortissants de la R.D.C. quoiqu’on observe qu’il y a une connexion entre la criminalité et l’immigration clandestine. A Kinshasa, on estime que Brazzaville a violé la convention de Luanda signée le 3 décembre 1999 entre les deux Etats ainsi que le mécanisme de coopération spéciale entre Kinshasa et Brazzaville. Plus grave , non seulement les expulsions se poursuivent désormais des deux côtés de la rive, mais en plus des départs volontaires sont signalés de part et d’autre par peur de représailles, montrant ainsi qu’entre les deux capitales les plus proches du monde, le solide lien s’est cassé .
Au-delà des intérêts des deux Etats, cette tension nuisible ne peut durablement leur porter bonheur. Il faudrait, en conséquence, trouver des voies et moyens afin que les opérations de lutte contre la criminalité s’effectuent à Brazzaville dans la paix et le respect des droits de l’homme pour ramener la sérénité des deux côtés du fleuve Congo.