Le visage du nouveau gouverneur de la région de l'Ouest peine à masquer son soulagement d'être sorti de l'auberge. Entre les coups de fil de la faille et des amis et la visite des proches collaborateurs venus spontanément le féliciter mercredi soir à son bureau, Augustine Awa Fonka ne cesse de remercier le Tout-Puissant et le chef de l'Etat pour lui «  avoir renouvelé sa haute confiance » , L'ex-gouverneur de l'Extrême-Nord qui recevait hier la délégation du Comité central du RDPC conduite par Henri Eyebe Ayissi en partance pour Kaélé, a le cœur bien léger. Il part de Maroua avec un sentiment d'avoir joué sa partition dans cette région aux multiples défis. Nommé le 14 mars 2012 et installé dans ses fonctions de gouverneur de la région de l'Extrême-Nord le 16 avril 2012, Awa Fonka Augustine n'aura pas connu de période de grâce. Quelques mois après sa prise de fonction, il est projeté au devant de la scène pour gérer les graves inondations survenues dans les départements du Mayo-Danay, du Logone et Chari et du Diamaré. La furie des eaux a bousculé au passage les digues de protection du Lac de Maga et du fleuve Logone. Il doit s'occuper des sinistrés qui se retrouvent sans abri et nourriture. L'ampleur de la crise provoque un déplacement du chef de l'Etat sur le site  de Guirvidig  pour exprimer de visu sa solidarité aux sinistrés. L'année
2013, ne sera  non plus de tout repos pour  ce natif de l'arrondissement de Santa dans le Nord-Ouest. Outre le remake des inondations, la région fait face à une recrudescence sans précédent du paludisme. Le bilan est lourd : plus de 182 000cas pour 979 décès. La même année, la secte Boko Haram jusque là basée et confinée basée au Nigeria fait parler d'elle.  Le Nigeria dans sa croisade contre ce mouvement terroriste ferme sa frontière nord-est avec le Cameroun. La région au plan économique trinque. Les membres de cette nébuleuse se voient à l'étroit. Plus tard, le mouvement exporte ses menaces au Cameroun. Le 19 février 2013, sept français appartenant à la famille Moulin-Fournier sont enlevés à Dabanga pendant qu'ils effectuaient leur randonnée touristique dans le Logone et Chari. Le gouverneur perd le sommeil. Après deux mois de captivité, ils sont retrouvés et remis sains et saufs aux autorités camerounaises le 19 avril 2013. Quelques mois plus tard, le Père Georges Vandenbeusch  est kidnappé dans son presbytère à Nguetchewe dans le Mayo-Tsanaga, dans la nuit du 13 au 14
novembre 2013. La pression monte sur le gouverneur qui peut sourire le 31 décembre lorsqu'il apprend que ce religieux est remis sain et sauf au Cameroun. Mais cette joie ne durera pas longtemps.  Le spectre 2013 plane sur 2014. Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, les pères Gianpaolo Marta et Giantonio Allegri et la soeur Gilberte Bussiere sont capturés
nuitamment dans leur paroisse à Tchere à 18 km de Maroua. La tension est à son comble dans la région. Mais Boko Haram ne décolère pas. Dans la nuit du 04 au 05 mai 2014, ses éléments attaquent au petit matin la brigade de gendarmerie de Kousseri tuant au passage un gendarme et un détenu. Quelques, le 17 mai 2014, ils font irruption au camp ouvrier chinois de Waza. Bilan : un soldat camerounais tué, deux autres, un Chinois et un chauffeur blessés, 10 Chinois enlevés, 10 véhicules pickup et deux camions chargés d'explosifs emportés. Awa Fonka partira certainement de Maroua sans avoir la moindre trace de ces Chinois affectés à la réhabilitation de la route Mora-Dabanga sur la route nationale numéro un. Même s'il a retrouvé entre temps le sourire procuré par la libération des trois religieux de Tchere le 31 mai
dernier. A l'Extrême-Nord, Augustine Awa Fonka avait pourtant démarré son magistère avec la reprise audacieuse de l'impossible activité de taxi-voiture.  C'est aussi sous lui que les travaux du chantier de construction de l'immeuble des services du gouverneur abandonné depuis plus de vingt ans ont repris. A 55 ans, le nouveau gouverneur de l'Ouest mettra la somme de ses expériences acquises à l'Extrême-Nord au service des populations de cette région.