La 9e édition du Forum de Jeju pour la paix et la prospérité a été la surprise que Korea Foundation a réservée aux journalistes internationaux qui ont récemment séjourné dans la péninsule coréenne. Pendant trois jours le forum a permis aux responsables conviés d’avoir des échanges constructifs avec pour fil conducteur le thème « penser une nouvelle Asie ». Ce grand rassemblement a lieu dans l’île depuis 2001. Ses organisateurs, à savoir : la province autonome de Jeju, la Fondation internationale pour la paix, la Fondation de l’Asie de l’Est avec le soutien du ministère coréen des Affaires étrangères ont réussi à mobiliser 3700 experts. Les journalistes invités par Korea Foundation, ont ainsi vu le privilège d’assister à diverses sessions. Mais en guise d’introduction, le 28 mai dernier, le ministre des Affaires étrangères, Yun Byung-se n’a pas caché la volonté de son pays de mettre tout en œuvre pour affranchir l’Asie des conflits frontaliers qui polluent la coopération multilatérale dans cette partie du monde. L’objectif visé par un tel regroupement étant de créer un cadre propice au progrès économique et à la stabilité dans la région. Les nombreux journalistes qui ont convergé vers l’île touristique de Jeju ont ainsi pu suivre les communications de l’ancien Premier ministre d’Australie Julia Gillard, de l’ancien Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, de l’ancien ministre chinois des Affaires étrangères, Li Zhaoxing entre autres personnalités d’envergure. Toutes ces personnalités ont, à chaque prise de parole, observé une minute de silence pour les victimes du naufrage du Sewol. Les participants, originaires de 55 pays, se recrutaient parmi les représentants de divers gouvernements, les universitaires, les membres de la société civile et autres éminences grises ayant fait leurs preuves en matière de questions de développement. Au cours de 60 sessions, les participants ont eu des échanges sur la place des femmes dans le processus de développement de l’Asie, la coopération sécuritaire, l’éducation, l’environnement et la diplomatie.
2-Au contact de la culture coréenne
L’un des moments phare du voyage d’étude des journalistes aura été l’escale à la Korea Foundation avec l’universitaire de renom Seong-Kon Kim. L’ancien doyen à l’Université nationale de Séoul a fait une communication sur les us et coutumes de la Corée. L’homme a d’abord séduit par sa ponctualité mais aussi par son sens de l’humour. En fait, il a été la porte d’entrée du petit groupe. Au terme de son exposé, il n’y avait plus grand mystère sur la société et la culture coréenne pour ses « étudiants » d’un jour. Dans la Corée ainsi présentée, on apprendra par exemple que nombre de personnes ont pour nom de famille : Lee, Kim, Park. En parcourant les cartes de visite et les journaux on s’est très vite rendu à l’évidence. Les vedettes du cinéma et du théâtre, le code vestimentaire en particulier les chapeaux pour hommes ont été présentés. Les porte-étendards de la cuisine locale aussi. Le Bulgogi (rôti de viande) ayant finalement conquis les gourmets du groupe lors des déjeuners dans divers restaurants. Mais au cours de cette leçon inaugurale, on a également vite fait le tour des fleurons de l’Economie. Des progrès technologiques de Samsung aux prouesses de l’industrie navale, en passant par l’industrie automobile (Kia Motors, Hyundai, Daewoo) et l’industrie sidérurgique, la clé du succès coréen a été dévoilée. A côté de ce confort, l’universitaire aura porté un regard attentif sur la femme coréenne, véritable « manager » qui moule l’éducation des enfants. Et dans ce pays, la formation dans les multiples universités vaut son pesant d’or. Et après les études, la jeune fille peut rester autant qu’elle le désire avec sa famille en attendant le mariage. Ce qui n’est pas le cas ailleurs à relever l’universitaire qui se félicite de ce que les mariages interraciaux prennent du galon. On en compte 8 000 par an.
3-Press Arbitration Commission
La presse a un organisme de régulation en Corée du sud connu sous l’appellation de Press Arbitration Commission. Ainsi que ses responsables l’ont expliqué aux journalistes qui ont récemment séjourné dans leur structure, il s’agit d’un instrument qui privilégie la conciliation, l’arrangement à l’amiable plutôt que les tribunaux en cas de délit de presse. Si un reportage porte atteinte à l’honneur d’un citoyen, d’une entreprise ou d’une institution, ce citoyen s’adresse à la Press Arbiration Commission qui s’emploie à réparer ce préjudice en ordonnant un reportage plus juste, la restitution exacte des propos tels que collectés ou une compensation financière pour réparer le préjudice. En 2012 par exemple sur 59 cas litigieux les deux parties ont accepté de suivre la décision de la commission. Les types de délits touchent ici la diffamation, l’atteinte aux bonnes mœurs, la violation du secret de la correspondance, la violation de la vie privée…La commission arbitrale qui existe depuis 1981est composée de 40 à 90 membres. Elle est dirigée par un président, deux vice-présidents, un secrétariat. Chaque tribunal arbitral se compose de cinq membres dont un juge en activité, un avocat, un journaliste ayant plus de dix ans d’expérience et un journaliste faisant office d’icône de la presse. La Press Arbiration Commission est compétente pour les délits commis par les média audiovisuels, la presse écrite, la presse cybernétique. Toutefois ceux qui ne sont pas satisfait par les décisions de ce tribunal arbitral ont la possibilité de saisir les tribunaux avec le risque pour le journaliste de payer dans ce cas de fortes amendes.
4-Les médias
Celui qui foule le sol coréen pour la première fois prend nécessairement le pouls du pays par l’entremise des médias. Les invités de Korea Foundation l’auront noté. Dès l’aéroport, des tabloïds en coréen ou en anglais inondent les potentiels lecteurs d’informations. The Korea Times, The Korea Herald, The Jeju Weekly auront ainsi, le temps du séjour de la délégation, gagné de nouveau lecteurs. Pour ce qui est des contenus, on aura noté une liberté de ton ainsi que des experts locaux l’ont déclaré au cours de quelques échanges formels. La détermination de la présidente de la République, Park Geun-Hye à combattre la corruption suite au naufrage du Sewol en avril dernier, le coup d’Etat en Thaïlande, les élections locales, la prise de position de Park Geun-Hye face aux essais nucléaire de la Corée du Nord, la démission du premier ministre désigné… constituent à côté de la crise ukrainienne les sujets réguliers. Et l’Afrique alors ? Elle est bien présente. Situation politique au Liberia, le Nigeria et la guerre contre Boko Haram et les Lions indomptables en route pour la coupe du monde animent les différentes rubriques d’une presse qui se positionnent en interface entre la Corée du Sud et le reste du monde. Pour ce qui est des chaînes de télévision, EBS, ARIRANG, CNN, BBC, KBS1, KBS2, MBC, OCN, OBS, STAR SPORTS, SBS … proposent divers programmes à un public diversifié. Au siège de Munhwa Broadcasting Corporation (MBC) les invités de Korea Foundation ont eu le privilège de voir la vie dans les studios. Mais on aura surtout été impressionné par la ténacité du service francophone de KBS world radio. Des journalistes toujours avides d’informations sur l’Afrique ont même décroché des interviews. KBS émet en arabe, en allemand, en russe, en chinois, en indonésien, en espagnol, en anglais, en japonais, en vietnamien, en français et en coréen. Pour ce qui est du service français de KBS, on a pu apprendre qu’il fait le lien entre la Corée et les auditeurs francophones du monde entier. Tous ces médias connaissent aussi cet essor grâce à une connexion Internet haut débit et bon marché. Les coréens accèdent aussi aux services des média par les Iphones et les Smartphones dont ils ont de la peine à se séparer.
