La contre-offensive des troupes loyalistes contre les rebelles en Irak n’a pas encore produit des résultats susceptibles de refroidir leur audace. Outre les localités récemment conquises, les insurgés auraient encore gagné du terrain, hier, lors de la bataille de Tal Afar, une enclave chiite dans le nord-ouest de l’Irak sur la route vers la frontière syrienne, selon des responsables et des habitants de la ville que les autorités irakiennes affirment toujours contrôler.
Les forces de sécurité ont assuré qu’elles avaient repoussé l’assaut des insurgés sur cette ville chiite, l’une des rares de la province de Ninive, au nord du pays, qui n’est pas encore tombée entre les mains des rebelles. Toujours est-il que l’avancée des rebelles demeure une préoccupation forte pour le gouvernement irakien. Pour barrer la voie aux insurgés, le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, a récemment appelé ses compatriotes à s’unir pour combattre les rebelles réunis sous la bannière de l’Etat islamique en Iran et au Levant. Après la prise de Mossoul et d’une importante partie de la province de Ninive, le Premier ministre a annoncé la création d’une cellule de crise pour superviser le volontariat et l’armement de tous ceux qui voudraient combattre les insurgés. L’ayatollah Ali al-Sistani lui a emboîté le pas en demandant aux citoyens qui peuvent porter des armes, à se porter volontaires et à s’enrôler dans les forces armées pour combattre les terroristes et défendre leur pays et leurs lieux saints.
La réaction du gouvernement et des autorités religieuses montre que l’Irak négocie un virage dangereux. Lors du soulèvement de la province d’Al Anbar, le responsable des rebelles, Abou Bakr al-Baghdadi, avait clairement indiqué que l’objectif final du mouvement insurrectionnel est la prise de la capitale Bagdad. En prenant le contrôle de Moussoul le 12 juin dernier, les rebelles ont dressé à l’entrée de la ville deux immenses portraits de Saddam Hussein, l’ancien président irakien et d’Izzat Ibrahim, chef du parti Baas, qui mène ses activités dans la clandestinité. Plusieurs milliers de prisonniers politiques ont été libérés lors de la prise de Moussoul et des dépôts d’armes et de munitions mises à la disposition des insurgés. Ceux-ci en profitent pour renforcer leur progression vers Kirkuk, Tikrīt et Samarra.