En attendant l’eau de la Mefou, dans certains quartiers, on s’approvisionne toujours dans les puits et marécages.
Deux bidons de 20 litres entre les mains, Rodrigue P., habitant du quartier Damase à Yaoundé, se dirige vers une source d’eau située dans une zone marécageuse de son secteur.
Il est déjà 9h. Aujourd’hui, le jeune étudiant n’a pas pu se lever de bonne heure pour éviter l’engorgement quasi-permanent à ce point d’approvisionnement. Cette corvée, il la subit depuis plusieurs années. « C’est déjà devenu une habitude. Ça fait plus de quatre ans que l’eau a cessé de couler des robinets. On n’a pas le choix », explique le jeune homme. Rodrigue P. n’est pas le seul à vivre cette situation.
En fait, plusieurs résidents de la ville de Yaoundé se ravitaillent en eau dans les puits, les zones marécageuses ou au mieux, dans les lieux de service, lorsque ceux-ci ont la chance d’être approvisionnés. Tel est le cas de Jeannot L., cadre dans une entreprise de la place et résidant au quartier Essos. Il a pris pour habitude de s’approvisionner en eau dans son lieu de service. Au quotidien, il transporte des bidons d’une contenance de 20 litres de son domicile au travail. « C’est vraiment pénible avec cette pénurie d’eau qui perdure depuis des années dans la plupart des quartiers de Yaoundé. On espérait que la réhabilitation de l’usine de production d’eau de la Mefou qui est supposée injecter 50 000 m3 d’eau par jour allait changer la donne. Mais, rien n’a bougé d’un pouce », s’indigne-t-il.
Dans certains quartiers comme Anguissa et Emana ou Mendong, l’eau ne refait surface qu’à partir de minuit. « Mes enfants et moi restons éveillés jusqu’à 3h ou 4 heures du matin, pour attendre que l’eau revienne. Ici à Mendong, l’eau est coupée en journée et ne revient que tard dans la nuit. C’est très pénible pour les enfants qui doivent se rendre l’école le matin et pour moi qui doit me rendre très tôt au travail », se plaint cette mère de famille. Même des quartiers épargnés jusqu’à récemment connaissent désormais des coupures. « Ça fait cinq jours qu’on est privé d’eau. C’est hier (lundi, Ndlr) qu’on a de nouveau vu le liquide couler des robinets. Pourtant, les coupures ne dépassaient jamais plus de deux jours avant », raconte Régine F., habitante du quartier Obobogo. Aujourd’hui, les regards se tournent, avec une petite vague d’espoir teintée d’incrédulité, sur les récentes déclarations des officiels de Camwater, qui annoncent pour bientôt le fonctionnement à plein régime de l’usine de la Mefou, dans une ville où les besoins en eau potable sont estimés à 300 000 m3. Avec une offre qui avoisine à peine la moitié de la demande.
