Ce n’est plus simplement une vue de l’esprit ni un effet d’annonce, les insurgés sunnites consolident leur présence dans l’Ouest du pays, frontalier de la Syrie et de la Jordanie où leur drapeau noir flotte partout. Ces insurgés ne cessent d’engranger de nouvelles conquêtes et se sont emparés au cours du week-end dernier de trois provinces d’Al-Anbar. Cette province stratégique est frontalière notamment avec la Syrie, où les jihadistes de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL, qui mènent l’offensive en Irak et dont l’objectif est de créer un Etat à cheval sur les territoires entre la Syrie et l’Irak, sont déjà fortement implantés. Le dessein des la horde islamique est de faire clairement main basse sur le pouvoir suprême en Irak. Et il est à craindre que leur visée majeure ne soit entrain de se réaliser au regard de la débandade de l’armée et des forces de sécurité irakiennes. D’où l’espoir placé en la mission de John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain.

La mission du chef de la diplomatie américaine qui l’a mené en Egypte et en Jordanie avant Bruxelles et Paris porte essentiellement sur les efforts visant à convaincre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, de former rapidement un gouvernement d’union nationale. Il est surtout question et même impératif de dépasser les divisions confessionnelles qui sont à la source de la fracture et de tous les déchirements dont souffre le peuple irakien au lendemain de la fameuse intervention militaire décrétée par l’administration Bush soit disant pour détruire les armes de destruction massive développées par le régime dictatorial de Saddam Hussein. Même après la chute de Saddam Hussein et sa mort par pendaison, et l’avènement d’un nouveau régime aux mains des chiites majoritaires dans le pays, la sérénité n’a jamais été la chose la mieux partagée entre Irakiens. Une guerre civile larvée a ensanglanté le pays depuis le retrait des troupes américaines sous l’administration Obama, faisant des morts et semant la désolation au sein de la population. Il faut rappeler que les derniers soldats américains ont quitté l’Irak fin 2011 après huit années d’occupation. De nombreuses ambassades de pays amis de l’Irak ont commencé à évacuer leur personnel de Bagdad la capitale en dépit des assurances des autorités du pays. Ce qui signifie que la poussée irréversible des jihadistes es donc  réelle. La question lancinante est donc celle-ci : si les Américains en partie responsable du chaos actuel ne pèsent pas de tout leur poids pour une sortie politique de la crise, qui pourra le faire avec efficacité ? Car ce que subit l’Irak actuellement constitue une menace non seulement pour le pays, mais pour la paix dans la région et le monde. On a vu leur dérive totalitaire au nord du Mali, en Lybie et au Nigéria avec la secte Boko Haram. La pieuvre islamiste est dangeureuse…