La vie suit son cours normal, après le réajustement décidé lundi dernier par le gouvernement.
Mardi 1er juillet. Jour a priori comme les autres. Pourtant, au lieu dit Mokolo en bas à Yaoundé, une farandole de motocycles rompt bruyamment le train-train quotidien généralement entretenu par les transporteurs clandestins (« clando ») qui desservent d’ordinaire les quartiers et villages environnants. La razzia de ces opportunistes, taximen-motos ou simples pêcheurs en eaux troubles, coïncide avec le début de la mise en application de la nouvelle grille de prix des carburants et gaz domestique, décidée la veille par le gouvernement. En sus, comme en témoigne Réginald B., transporteur sur la ligne, une descente des forces de police tôt le matin, a contraint la plupart des « clando » à garer, au risque de se faire verbaliser… Le jeune homme et ses collègues ont donc tout leur temps, pour laisser libre cours à leurs opinions.
« Nous savions depuis longtemps que le prix du carburant allait augmenter. C’était inévitable. Seulement, nous ne nous attendions pas à ce que la hausse soit de plus de 80 F (Ndlr, le prix du super est passé de 569 à 650 F et le gasoil de 520 à 600 F). Nous ne pouvons pas nous opposer à cela. D’ailleurs, je suis passé à la pompe ce matin, avant que ma voiture soit arrêtée et conduite à la fourrière… Pour ce qui est de l’augmentation du prix du transport des clients, nous ne pensons pas que c’est la chose la plus normale. Mais, nous attendrons que les nouveaux tarifs soient décidés et homologués. » Une position communément partagée par la plupart des propriétaires de voitures rencontrés hier dans les places et rues de Yaoundé.
Du côté des gérants de stations-service, le ton est plutôt réservé. Chez Jean-Jules N., chef de piste dans une essencerie non loin du quartier Manguiers, les nouveaux prix viennent tout juste d’être affichés. Pour le premier bilan, il faudra par contre attendre au moins deux jours, pour évaluer l’évolution des recettes : « Les taximen, nos principaux clients, ont pour l’essentiel consommé hier (Ndlr, lundi) au moment de garer. Ce n’est qu’à partir de ce soir que nous pourrons mesurer leur réaction par rapport à cette hausse des prix. Nous autres n’avons aucun pouvoir de décision. Nous ne ferons que suivre ce qui aura été décidé en haut… »
Frais de transport
Ce qui est vrai pour les carburants l’est aussi pour le gaz domestique, dont la consommation, selon la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), est en augmentation de 9%. L’utilité de ces produits n’est donc plus à démontrer, de l’avis de Martial G., jeune cadre contractuel d’administration. Ce qu’il faut faire, selon lui, c’est veiller sur l’effectivité des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement, pour atténuer les effets de la hausse des prix sur le quotidien des Camerounais et surtout barrer la route à la spéculation, qui déjà fait tout doucement son nid dans les dépôts de gaz. Pas loin de la gare routière de Mimboman, une bande de chauffeurs en chômage circonstanciel – tous sont victimes des contrôles de conformité engagés par la police – observe d’un air réprobateur l’activité débordante des taxis-motos agglutinés au carrefour.
Bande de larrons occasionnels qui, tout en accusant le…coût nouveau des carburants, ne crachent pas sur les opportunités qu’ils s’offrent en ce jour finalement pas comme les autres. Profitant de l’embarras des « clando » et sous le prétexte de l’augmentation des prix du super et du gasoil, ils ont surenchéri les frais de transport. Du coup, pour aller de la gare routière au lieu dit Mimboman Don Bosco, il faut débourser 200 F au lieu de 100 F. Idem pour la ligne qui va à Dernier poteau. Et, à en croire Bertrand C., taximan-moto sur la ligne, les choses ne vont certainement plus changer pour ce qui est de ces prix.
