Y a-t-il des pays faits pour gagner la coupe du monde et d’autres pas ? Cette question à la limite philosophique resurgit après la constitution de l’affiche finale de l’édition 2014, en cours. Allemagne-Argentine, c’est toujours les mêmes. Comme si les autres n’y avaient pas droit. Le cercle des lauréats ressemble effectivement à un club fermé qui ne s’est que très rarement ouvert ces dernières années, permettant d’intégrer la France (1998) et l’Espagne (2010) qui frappaient à la porte depuis quand même assez longtemps. En dehors de ces exceptions, vous entendrez toujours : Brésil, Italie, Argentine, Allemagne.
En fait, les choses se passent un peu comme à l’époque de la guerre froide. Avec face à face deux blocs. D’un côté, l’Amérique (du sud surtout) et de l’autre, le bloc européens. 19 finales de coupe du monde déjà disputées, 9 pour les sud-américains, 10 pour les Européens. L’année 2014 est en principe celle de l’«égalisation ». Parce qu’une règle non écrite marque l’histoire depuis la première édition de 1930 : le continent qui organise, l’emporte toujours. Et tenez-vous tranquille ! Là encore, n’importe quelle équipe ne prétend pas toujours à la consécration. Qui peut par exemple expliquer pourquoi la talentueuse équipe de Colombie, de loin le plus brillante du bloc Amérique n’a pas été choisie par les dieux du foot ? Ou alors, pourquoi le Portugal avec ses générations de joueurs doués n’a jamais pu faire mieux que deux demi-finales en 1966 et 2006 ?
La seule coupe du monde organisée en Asie a été remportée par les sud-américains. Celle organisée en Afrique, gagnée par les Européens. Ce qui fait donc intervenir un troisième bloc : les « non-alignés ». Ils sont asiatiques et africains pour l’essentiel, viennent surtout compléter le décor. Il leur arrive de faire sensation, comme les Camerounais en 1990, les Sénégalais en 2002 et les Ghanéens en 2010. Mais c’est souvent juste pour pimenter un peu la compétition entre les deux grands groupes. Même quand ils accueillent la coupe sur leurs terres, les non-alignés ne s’alignent jamais parmi les prétendants au titre. Vous avez vu vous-mêmes en Afrique du Sud, en commençant par nous, les Camerounais.
Dimanche prochain les grands continueront leur partage. Si l’Argentine gagne, ce ne sera que normal, vu le cours de l’histoire. Et si c’était l’Allemagne, elle rentrerait dans l’histoire comme la première nation européenne à remporter la coupe du monde en Amérique du sud. Et nous alors ?