Est-ce une surprise ? La Mannschaft, la sélection nationale allemande, a remporté la 20e édition de la coupe du monde 2014. Elle a laminé, au passage, en demi-finale, par sept buts contre un, le Brésil, pays organisateur, premier au palmarès de cette compétition, avec cinq trophées remportés. Pourtant, au regard des ses matchs de poule, l’Allemagne n’avait rien d’un épouvantail de nature à effrayer les adversaires. Le Ghana, bien qu’empêtré dans des querelles extra-sportives était à un doigt de battre, en match de poule, la Mannschaft. Celle-ci a obtenu un nul heureux (2-2), arraché dans les ultimes instants du match. On se rappelle qu’un score identique avait sanctionné le match de préparation de l’Allemagne contre les Lions indomptables, le 1er juin 2014 à Mönchengladbach.

Alors ? Qu’est-ce qui a permis à l’Allemagne de se distinguer au Brésil ? Le contexte international est à la mondialisation. Celle-ci, côté football, est marquée par un brassage des grands joueurs de tous les continents, dans les grands championnats et un nivellement des valeurs entre les sélections nationales. C’est pourquoi la percée d’une nation comme le Costa Rica, éliminé en quarts de finale aux tirs au but par les Pays-Bas, est moins surprenante que celle du Cameroun, écarté en quarts de finale, lors des prolongations, au mondial de 1990. On l’a vu, au cours du mondial brésilien, avec ce resserrement du niveau des équipes, la victoire, à des exceptions près, s’est construite sur des détails. C’est pour cela qu’au sein des délégations africaines, on rentre avec bien des regrets, convaincu de ce qu’on aurait pu aller jusqu’au bout. Mais à y regarder de près, les détails qui ont fait la différence ne le doivent ni au hasard, ni à l’improvisation. Ce plus qui conférait la victoire aux équipes qui se sont distinguées, était davantage à rechercher dans l’organisation, la préparation et le jeu. Sur ces plans, l’Allemagne a excellé. Son triomphe est, sans aucun doute, celui du sérieux.

La Mannschaft, sur le terrain, s’est, en effet, montrée sérieuse et disciplinée de bout en bout : un bloc compact et solidaire, un jeu direct, sans fioriture, une sobriété dans le geste accordant peu d’espace à la fantaisie et à l’approximation. De plus, l’on s’est étonné que ce soit avec le pays-hôte, le grand Brésil, que l’Allemagne a obtenu son plus franc succès. Même s’il faut reconnaître que la cuvée 2014 du Brésil était d’une frilosité qu’on ne connaissait pas à la succession du roi Pelé. Mais ce qu’il faudrait relever, c’est que l’Allemagne s’est scientifiquement préparée en ciblant singulièrement les équipes sud-américaines, et plus spécifiquement le Brésil. Lors de la conférence d’avant-match contre la Seleçao, Hansi Flick, l’assistant du sélectionneur allemand, Joachim Löw, a avoué que pendant deux ans, le staff technique s’était servi d’une base de données sur des équipes sud-américaines, constituée par une cinquantaine d’étudiants en sport de l’université de Cologne. Ceux-ci ont consigné des informations à partir de l’ensemble des matchs livrés par ces équipes, tout au long de la période de l’étude, avec des détails allant jusqu’aux réactions des joueurs selon les circonstances.

Les Allemands ne s’en sont pas tenus là. Des mois à l’avance, ils ont sillonné le Brésil, visité les hôtels. Aucun de ces lieux d’hébergement ne s’étant rapporté à leurs exigences, ils ont construit un complexe aux abords d’une côte tranquille de l’Etat de Bahia. Outre sa tranquillité, cette zone géographique a été choisie pour éviter des déplacements éprouvants à la Mannschaft. La distance la séparant d’avec les villes accueillant les matchs du premier tour de l’équipe, la proximité de l’aéroport local, ont été des critères déterminants … On connaît la suite et le résultat. Il aura fallu beaucoup de moyens pour cela, certes. Mais il faudrait déjà y penser et s’y mettre.