Les cas de voyageurs drogués et dépouillés se multiplient dans des compagnies de voyage faisant des offres de luxe.
Un énorme attroupement attire l’attention dans une compagnie de voyage ayant pignon sur rue, au lieu dit « Douche » à Douala, en cette mi-journée de juillet. Allongé sur un banc, un voyageur gît quasiment inconscient.
« Il est arrivé dans le bus de tout à l’heure. Tout le monde est descendu sauf lui. C’est alors que l’on s’est rendu compte qu’il est endormi », explique un personnel de l’agence. Le chef appelé en urgence, s’affaire autour de l’usager avec l’aide d’autres bonnes âmes. C’est à peine si le voyageur peut tenir les yeux ouverts et expliquer ce qui lui est arrivé. Sanglé dans un ensemble costume apparemment de grand prix, il n’a pourtant pas l’air d’un malade chronique. La fouille de ses poches ne permet de retrouver aucune pièce d’identité, de l’argent ou un téléphone portable. Décision est finalement prise de le conduire dans la formation sanitaire la plus proche.
« Nous ne savons plus quoi faire pour empêcher ces agressions dans nos bus de luxe qui semblent être la nouvelle cible de ces pickpockets d’un autre genre. Dès le départ du bus, nous invitons pourtant nos usagers à ne rien accepter des inconnus assis à côté d’eux ou plus loin. Rien n’y fait : il y a toujours quelqu’un qui se laisse piéger », se lamente une hôtesse d’un de ces bus. Selon ses déclarations, corroborées par un conducteur, il ne se passe pas une semaine sans qu’un voyageur ne soit pris dans les filets de ces malfrats. Les victimes, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, sont vraisemblablement choisies sur leur mise : ensemble costume ou tailleur, vêtements ou bagageries de marque. « Nous avons déjà eu des voyageurs qui ont perdu de fortes sommes d’argent, ordinateurs portables et autres i pad. En général, la victime se souvient simplement d’avoir sympathisé avec quelqu’un qui lui a offert par la suite un fruit, des biscuits ou une boisson. Puis, plus rien », explique un chauffeur de bus VIP.
Dans une autre compagnie de voyage, la dernière victime en date est une dame venue d’Europe. Après l’avoir droguée aux biscuits, son voisin lui a pris 5000 euros et ses téléphones portables. Elle séjourne depuis dans un hôpital de Yaoundé et une plainte contre inconnu a été déposée dans un commissariat de la place. « Les recommandations faites aux voyageurs au départ des bus s’avérant insuffisantes, il est temps que les compagnies de voyage investissent davantage pour la sécurité de leurs clients. Je pense, par exemple, à des numéros de siège sur les billets : comme ça on sait exactement qui est assis à côté de qui. Et pourquoi pas des cameras de surveillance ? », se demande Abigaël Emana, chef d’entreprise à Yaoundé, habituée des bus VIP.
Le phénomène des agressions aux produits drogués dans les transports publics est apparu au Cameroun au début des années 1990. D’abord dans les taxis jaunes, le phénomène s’est étendu aux trains, puis aux cars de transport interurbain avant de s’attaquer aux bus VIP.
