Alors qu’on croyait que la remise des ports pétroliers de l’est au gouvernement libyen par les rebelles de la Cyrénaïque annonçait le début d’un processus de normalisation, le déclenchement, dimanche dernier, des combats pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli montre que le pays est de nouveau ébranlé. La rétrocession des ports au gouvernement par la rébellion de l’est qui avait menacé, plusieurs fois, de faire sécession a été si importante qu’elle a mis fin à la crise pétrolière permettant ainsi à la production, qui constitue la principale mamelle nourricière du pays et qui avait chuté de 1,5 million de barils à 250. 000 barils par jour, de reprendre.
Les nouveaux affrontements opposant les milices islamistes aux rebelles de Zintan se déroulent non seulement sur fond de lutte idéologique mais aussi et surtout pour le contrôle des points stratégiques du territoire national.
En réalité, les rebelles de Zintan se considèrent comme les héros de la révolution ayant renversé le régime de Kadhafi. De même, Zintan a toujours été perçu comme le bastion de la résistance contre Kadhafi. C’est ainsi qu’ils contrôlent l’aéroport de Tripoli depuis la fin de la révolution en 2011. Les autorités politiques leur ont toujours demandé de libérer l’aéroport. Les rebelles de Zintan leur ont, à maintes reprises, opposé une fin de non-recevoir. Pour eux, cet aéroport constitue une source d’influence et de revenus. Ces rebelles sont également connus pour leur hostilité contre les islamistes. C’est dans ce sens qu’ils ont soutenu l’offensive de l’ex-général Haftar lancée en mi-mai contre les islamistes. A l’époque, ils avaient même investi le parlement dominé par les islamistes.
Les oppositions entre milices rivales montrent que les groupes armés demeurent puissants et qu’ils se plaisent dans un système d’engrenage qui les arrange et qu’ils ne sont pas encore prêts à s’effacer au profit d’un gouvernement. Evidemment, il faudrait trouver un compromis pour sortir de ce système suicidaire en optant probablement pour la transformation des milices en partis politiques et en redéployant les braves combattants des milices démantelés dans les rangs de l’armée nationale. L’objectif de cette mutation serait de faire taire les armes au profit du débat politique. Car tant que les armes crépiteront, les Libyens et les étrangers intéressés par les potentialités du pays vont demeurer dans la peur et rien de solide ne pourra se construire.