Depuis plus de deux décennies, le gouvernement chinois mène un projet de promotion du 7è art.
Durant des déplacements dans les zones rurales chinoises (provinces du Guizhou, Ningxia), il n’est pas rare de voir les habitants d’un village rassemblés autour d’un projecteur. Ce sont des foules dont le nombre varie souvent entre 500 et 800 personnes. Elles se retrouvent ensemble, plusieurs soirs, pour voir un film. Le plus souvent un long métrage produit par un studio chinois, projeté sur une étoffe, dans le noir et en plein air. C’est le projet « Un film chaque mois dans chaque village » qui se déploie ainsi.
« L’idée du projet est simple : socialiser les populations rurales par le biais du cinéma et les amener à être au fait de l’actualité cinématographique nationale et mondiale », explique M. Gao Shan, de l’Administration générale de la presse, l’édition, la Radiodiffusion, le cinéma et la télévision (SAPPRFT). Ce département ministériel emploie dans ce cadre entre 100 000 et 200 000 personnes qui parcourent les campagnes pour faire partager les joies du 7è art. La valise de travail comporte un équipement léger : un projeteur, le tissu et une régie lumière avec des batteries de secours. L’employé perçoit un revenu de 200 yuans (soit 16000 F) par mois pour couvrir le transport de ce matériel et les frais de téléchargement du film à projeter (10 yuans, soit 800 F) quand celui-ci n’est pas gratuit. Et ils ont la latitude de travailler avec des annonceurs pendant les projections et gardent l’argent issu de l’opération.
Le projet a été lancé à la fin des années 1990. En 2005, le gouvernement central a décidé d’associer les producteurs privés de films. « Des commandes de 70 à 100 courts métrages éducatifs de 10 à 20 minutes sont passées chaque année auprès des studios. Les sujets de ceux-ci ont généralement trait à l’art culinaire, l’hygiène, l’agriculture…) sont diffusés en avant-première du long métrage », poursuit notre source. Les longs métrages sont généralement inspirés du socle culturel chinois (art martiaux, coutumes, guerres de gangs…) A terme, ce sont tous les acteurs du secteur qui profitent.
D’après la SAPPRFT, certaines salles de cinéma ont été créées dans des villes rurales où des projections mensuelles sont passées. Répondant ainsi aux besoins de consommation des nouveaux cinéphiles. L’industrie cinématographique nationale gagne de l’argent avec les commandes de l’Etat et la vente des copies digitalisées de films. En en 2014, ce secteur vise 28 milliards de yuans (près de 2500 milliards de F).
