La montagne a finalement accouché d’une souris. La reprise des hostilités, dimanche, à Nasir dans la région du Haut-Nil montre que l’accord de paix signé le 9 mai dernier entre le président de la République du Soudan du sud, Salva Kiir, et le chef rebelle Riek Machar a volé en éclats. Obtenu grâce aux efforts menés par l’Autorité intergouvernementale pour le développement(IGAD), médiatrice dans la crise, avec le soutien de l’Union africaine (U.A.) et de l’Organisation des Nations unies (O.N.U.), l’accord du 9 mai avait suscité d’énormes espoirs. Surtout que les belligérants s’étaient retrouvés le 10 juin dernier pour réaffirmer leur volonté de paix et convenir d’un délai de soixante jours pour former un gouvernement de transition et procéder aux réformes susceptibles de relancer la machine étatique. Cette marche vers la paix se situait dans le prolongement de nombreux gestes de décrispation notamment la libération des 11 hauts dirigeants politiques entrés en dissidence, mis aux arrêts quelques heures après le début des combats le 15 décembre 2013 et naguère détenus par le gouvernement.
Le gouvernement de transition est évidemment renvoyé aux calendes grecques avec la reprise des combats. Tandis que la paix est de nouveau soumise à une rude épreuve. La nouvelle tournure de la crise au Soudan du sud inquiète l’O.N.U. qui estime que la violation du cessez-le-feu par les rebelles constitue « la plus grave reprise des hostilités depuis deux mois. » Non seulement la Mission des Nations unies au Soudan du sud(MINUSS) confirme que la reprise des hostilités relève des rebelles mais aussi, elle révèle que les troupes des insurgés sont essentiellement composés des jeunes et des déserteurs de l’armée. Pour sa part, le gouvernement accuse les rebelles d’être à l’origine de la reprise des combats et d’enrôler de force des civils pour combattre à leurs côtés.
Certes, l’accord du 9 mai a été violé au même titre que celui du 23 janvier dernier. Mais la différence entre les deux accords est nette. C’est dans ce sens que l’accord du 9 mai mérite d’être réhabilité parce qu’il a posé les jalons d’une paix durable au Soudan du sud. Au-delà de la rivalité entre les principaux protagonistes, de la tentative de coup d’Etat, des velléités d’élimination des rivaux et de nombreux abus inventoriés dans les deux camps, la survie du Soudan du sud recommande d’enterrer la hache de guerre pour s’en tenir à l’esprit et à la lettre de l’accord de paix du 9 mai dernier .