« Prends ma place », un court métrage de 25 minutes projeté le 31 juillet à Maroua, à l’occasion de la 52e journée de la Femme africaine.
Quand le cinéma soutient la femme, le résultat vaut le coup d’œil. La 52e journée de la Femme africaine sur le thème : « Rôle des femmes et des filles dans l’éducation, les sciences et les technologies en vue d’une renaissance africaine » était placée sous le signe du 7e art à Maroua. Elle a donné l’occasion de reparler de la scolarisation de la jeune fille du septentrion, que les mariages précoces et forcés désillusionnent. La nécessité de sensibiliser les populations est urgente, l'association « Rayons de soleil » œuvrant dans la promotion des droits de la fille et de la femme, l’a bien compris. Comme canal de communication pour sa campagne contre les mariages précoces et forcés dans le Diamaré, ladite association a choisi le cinéma. La leçon a été donnée le 31 juillet dernier par « Ho'ou babal am », (Prends ma place, en français), un court métrage de 25 minutes.
Pour toucher les cœurs, le film est en fulfulde, langue locale, sous-titré en français. L'histoire est celle de Hawa, une fille de 13 ans, contrainte au mariage par son père, avec comme heureux élu, un sexagénaire. Le rêve de Hawa, devenir ingénieur des ponts et chaussées, est brisé. 20 ans plus tard, c'est sa camarade du CMII devenue médecin qui sauvera le père de l’héroïne d'une maladie grave. Quelle ironie ! Dans sa confession à sa fille, le père de Hawa reconnaît qu'il a mal agi et prend l'engagement d'aider les jeunes filles de son village pour leur instruction. Un revers bouleversant.
Ce n’est pas toujours le cas dans la vie réelle. Les chiffres le prouvent. Selon une étude réalisée par le réseau « Dynamique citoyenne » en 2009, la région de l'Extrême-Nord enregistre 24% de mariages précoces et forcés. La ville de Maroua enregistre à elle seule 37,57% et Kousseri 23,56%. A cause de ces pratiques, des milliers de filles sont privées de leur enfance, avec des conséquences désastreuses sur leur santé, ce qui assombrit leurs rêves. Fidèle Djebba, présidente de « Rayons de soleil » s’est dit heureuse de cette association entre cinéma et cause féminine. Dans le cadre de cette campagne qui s'achève le 30 août 2014, il est prévu une trentaine de projections suivies de causeries éducatives à Maroua.
