Les membres du Shizuoka Performing Arts Center (Spac) étaient lundi à Yaoundé pour un spectacle riche en découverte.
« Sodade » de Césaria Evora pour entrer dans un univers enchanté. Le choix musical aurait pu passer inaperçu s’il ne s’agissait pas d’un spectacle donné par une troupe japonaise. Cette option n’a rien d’anodine, car le Shizuoka Performing Arts Center (Spac) de Tokyo a voulu tendre la main d’entrée à d’autres cultures, pour la représentation de la pièce « Le rêve de Takase ». La mise en scène signée du Camerounais Merlin Nyakam propose un mariage savoureux entre la précision japonaise et l’art du spectacle made in Cameroon. « Le rêve de Takase », c’est une prise de conscience aux accents écologiques, sur l’harmonie entre l’homme et l’environnement. Le personnage de Takase, incarné par un jeune acteur japonais, sillonne une forêt, avec sous le bras une énorme valise dont il dit : « C’est toute ma vie ». On comprendra plus tard pourquoi.
Alors que le héros s’endort, bercé par les cris des grillons et des animaux de la forêt, il est réveillé par une musique rock assourdissante. La salle plonge dans l’obscurité comme pour souligner la gravité du moment. Des images en noir et blanc défilent sur un écran de projection (un voile tissé en forme d’arbre placé au milieu de la scène, entre deux autres écrans). Usines fumantes, gratte-ciels consommateurs d’énergie, voitures non-électriques… La pollution est étalée dans tous ses états. Quand la lumière reprend ses droits, Takase est rejoint par neuf autres comédiennes. Tous drapés de noir, masques de protection au visage, ils exécutent des pas de danse en synchro, sous un air de musique classique.
Leurs costumes rappellent drôlement l’ange noir de la mort, illustrant ainsi la destruction à petits feux de la planète. L’Homme et les animaux qui la peuplent essuieront sous peu les conséquences fâcheuses du mépris de ce précieux don qu’est la nature. Dans cette pièce, aux allures de comédie musicale, les comédiens du Spac manient danse et jeu de scène avec élégance. Après la noirceur, un tableau paisible conclut la représentation, peignant les 10 artistes dans un paradis d’Eden revisité, où les humains partagent sans anicroche leur monde avec les animaux. Et de la valise de Takase, sortent des tranches de bois, symboles de la victoire remportée par la nature. La pièce du Spac est un vœu formulé pour une vie meilleure. La troupe japonaise, conduite par Miyagi Satoshi, son directeur artistique, est au Cameroun sur invitation du ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna. L’ambassadeur du Japon, Tsutomu Arai, s’est réjoui de cette collaboration culturelle entre les deux pays.
