Le MINDEF a recommandé au nouveau commandant de mettre son unité de commandement à l’abri des exactions de la secte Boko Haram.
Un rituel simple mais plein de signification. Le général de brigade Hyppolite Ebaka, commandant sortant de la Région militaire interarmées no3 (RMIA3) reçoit le drapeau de la République qu’il remet au ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. Edgard Alain Mebe Ngo’o remet ensuite l’étendard tricolore au colonel Frédéric Ndjonkep Meyomhy. Le nouveau commandant par intérim de la RMIA3 peut remettre le drapeau à sa garde qui regagne son emplacement. Une nouvelle ère commence pour cette région militaire qui a éclaté à la suite des textes signés le 14 août dernier par le chef de l’Etat et chef des armées, Paul Biya. Le nouveau commandant peut ensuite passer ses premiers ordres. D’une voix puissante qui domine toute la nouvelle place des fêtes du Boulevard de l’indépendance de la ville de Garoua, le colonel Frédéric Ndjonkep donne ses premiers ordres. Sous les acclamations d’une foule d’amis et de parents. « Vous devez savoir que votre fête sera de courte durée et vous n’aurez pas d’état de grâce, » fera savoir au nouveau promu le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense.
À cet officier supérieur qui a vu le jour le 11 novembre 1960 à Garoua, le Mindef va rappeler le contexte dans lequel intervient sa nomination. Au lendemain des attaques de la secte islamiste Boko Haram dans la région de l’extrême-Nord et qui a vu le chef de l’État, chef des armées prendre la décision de la réorganisation du dispositif militaire qui s’est traduit par l’éclatement de la RMIA3. « En procédant à cette réorganisation dans la partie septentrionale du Cameroun, le président de la République entend donner une nouvelle impulsion et garantir une efficacité plus accrue à l’action des forces de défense à la guerre qu’il a lui-même déclarée à la secte islamiste Boko Haram. » Ce qui de l’avis d’Edgard Alain Mebe Ngo’o, a pour avantage de ramener le commandement militaire au plus près du théâtre des opérations, avec un maillage sécuritaire territorial plus resserré. Avec une densification des moyens opérationnels dans les zones d’insécurité.
Au colonel Frédéric Ndjonkep, le Mindef va recommander d’être à la hauteur des espoirs placés en lui par le chef des armées. Ce au moment où le Cameroun, résolument engagé dans sa quête de développement économique, tend à devenir la cible de menaces multiformes à caractère asymétriques provenant de foyers de tensions qui se développent dans son voisinage immédiat. Il doit ainsi faire face à la circulation incontrôlée de militaires démobilisés, de réfugiés qui inondent le territoire camerounais, l’orpaillage clandestin, le braconnage à l’arme lourde. Quand on y ajoute les menées terroristes de la secte Boko Haram, le nouveau commandant a eu un tableau de ce qui l’attend. Pour y faire face, il lui a été recommandé de s’investir sans ménagement afin que son unité de commandement soit toujours à l’abri des exactions de la secte islamiste. Une tâche qu’il ne pourra bien mener qu’en entretenant de saines relations avec les autorités administratives, les autres composantes des forces de sécurité. « Soyez un chef irréprochable, proche de ses hommes et en permanence sur le terrain » lui a notamment recommandé le ministre de la Défense. De plus, il doit particulièrement veiller à la communauté des expatriés installés dans la région, surtout les membres des congrégations religieuses et à ceux qui concourent à la réalisation des projets à caractère socio-économique.
Pour remobiliser les hommes en fonction au sein de la RMIA3, le ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o a tenu des séances de travail avec les différentes composantes de cette unité, tous grades confondus, avant un repas de corps partagé avec la troupe.
Jean Francis BELIBI
