Depuis de longs mois, le Burkina Faso fait apprécier les bienfaits de la pratique démocratique, qui veut que chaque citoyen puisse exprimer librement ses opinions.  Le pays qui attend avec fébrilité 2015 et la fin du dernier

mandat constitutionnel de l’actuel locataire du palais présidentiel de Kossyam  est déjà en quasi campagne électorale. Le nœud de l’affaire porte sur l’intention que certains prêtent à Blaise Compaoré, le président du Faso de vouloir modifier la constitution de son pays, afin de faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel, et se maintenir au pouvoir. Jusqu’ici, aussi vif qu’il puisse être, le débat entre partisans et opposants de Blaise Compaoré conforte les observateurs dans l’idée que la politique n’est pas un pugilat, mais un combat d’idées.

Ainsi, le Conseil national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti du président Compaoré a proposé il y a quelque temps d’organiser un référendum relatif à la modification de l’article 37 de la Constitution qui limite à deux quinquennats le nombre de mandats présidentiels. Pour le camp présidentiel, il s’agit de solliciter l’avis du peuple, ce qui en somme n’est pas illégitime. Mais cette proposition a rencontré une fin de non-recevoir cinglante de l’opposition qui crie au « coup d’Etat politique ». Depuis, les deux camps avancent leurs pions pour engranger le plus de soutiens possibles. Les manifestations populaires se succèdent dans un camp comme dans l’autre. Mais comme tout cela se déroule dans le calme, les observateurs sont rassurés.

Des deux lords, l’on doit se rappeler que c’est le peuple souverain qui aura le dernier mot. Nul n’est besoin de jeter de l’huile sur le feu et faire appel à des moyens autres que la force des idées. Samedi dernier, des dizaines de milliers de personnes ont marché une nouvelle fois à Ouagadougou contre un éventuel référendum constitutionnel en toute liberté. On espère que le moment venu, les opposants auront l’élégance d’accepter que les partisans de Blaise Compaoré soutiennent tout aussi librement leur champion. C’est la règle du jeu démocratique. Du reste, le pouvoir en place aux pays des hommes intègres n’entend visiblement pas s’imposer par la force.