Ebola, lassa, Marburg, sida, fièvre jaune, polio… L’Afrique des débuts du 21e siècle est prise en tenaille par des épidémies aussi meurtrières les unes que les autres. A travers des modes opératoires différents, mais qui semblent se compléter,
comme pour commettre le plus de dégâts humains possibles. Au moment même où les progrès scientifiques donnaient à espérer une plus grande capacité de la gent humaine à faire reculer la mort et à réduire la douleur. Matérialisée et prouvée par la prise en charge du tout dernier cas, en octobre 1977 en Somalie, l’éradication de la variole, cette redoutable maladie qui avait traversé âges et siècles, constituait une grande victoire. Et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) y voyait le signe que la tuberculose, la lèpre, la fièvre jaune, voire, le paludisme et autres grands fléaux allaient, à leur tour, être rayées de la surface de la terre. Quarante ans après, non seulement ces souches bactériennes ou virales résistent, de surcroît, de nouveaux tueurs sont venus défier la science. Ebola dans les mêmes années 70, le sida en 1982, notamment.
Si les premières flambées épidémiques d’Ebola ont été assez rapidement circonscrites et maîtrisées, à commencer en 1976 par celles de Nzara (Soudan) et de Yambuku (République démocratique du Congo), de même que toutes les autres qu’on a connues jusqu’alors, l’épidémie née en février dernier, en Guinée, quant à elle, s’est déjà propagée au Libéria et en Sierra Leone voisins, mais aussi, plus loin, tout près de nous, au Nigeria. Avec un macabre tableau de chasse qui aura bientôt franchi le cap des deux mille morts. Du jamais vu auparavant de cette maladie dont la terreur tient à une contagiosité facile et à un taux de mortalité avoisinant les 90%. Au point qu’à l’instar du lion de la fable qui en venait parfois à manger le berger après le troupeau, Ebola décime autant ses malades que le personnel hospitalier qui les soigne. Ce qui fait qu’aucune mesure de prévention n’est de trop. Ni la fermeture de frontières, avec les pays touchés, ni la restriction des vols aériens, ni la quarantaine imposée aux foyers de contamination.
Jusqu’où ira l’actuelle flambée d’Ebola ? Va-t-elle perdurer dans les pays touchés ? S’étendra-t-elle à d’autres pays ? Sera-t-elle particulièrement meurtrière ? Le Cameroun sera-t-il épargné ? L’histoire des grandes épidémies nous renseigne sur des fléaux qui firent disparaître des peuples ou des communautés entières : Aztèques, Mayas, Incas d’Amérique latine ont été décimés par la variole, au 16e siècle, tout comme de nombreuses peuplades d’Afrique. La peste qui balaya l’Asie et l’Europe au moyen-âge ne fut pas moins meurtrière. Le tribut payé à l’épidémie fut très lourd. Rien qu’en France, la région de Poitou y laissa la moitié de sa population. Des villes telles Marseille, Montpellier et Avignon auraient perdu de 50 à 80 % de leurs habitants. Il y eut tout de même des survivants, heureusement…
Il n’ya donc pas lieu, loin s’en faut, de céder au catastrophisme. Il est toutefois impérieux, face aux épidémies, de demeurer vigilants et d’observer les mesures préventives édictées selon les cas. Lesquelles ont généralement trait à l’hygiène personnelle et collective. Bon nombre de redoutables maladies ont, du reste, à ce jour, été domptées par la vaccination. C’est le lieu de rappeler que certaines de ces vaccinations sont gratuites et que des caravanes vaccinales sillonnent même les campagnes les plus reculées. Les couches de personnes vulnérables, enfants et femmes enceintes particulièrement, sont prioritairement visées. Pourquoi hésiter ?