Au moins 300 militaires et plusieurs milliers de populations civiles fuyant les attaques de la secte Boko Haram se réfugient à Fotokol et dans plusieurs autres localités du département du Logone et Chari

24h après le convoyage par l’armée camerounaise de 700 militaires nigérians à Mubi à la frontière Cameroun-Nigeria, le Cameroun continue de recevoir des vagues de soldats nigérians fuyant les combats avec la secte Boko Haram. L’attaque de la ville de Gambaru-Ngala, située dans le Nord-est du pays, dans l’Etat de Borno par les islamistes de la secte Boko Haram a provoqué un exode massif des populations en direction de la ville camerounaise de Fotokol et des localités camerounaises voisines. Selon le sous-préfet de l’arrondissement de Fotokol, Oumarou Hayatou (joint au téléphone), « excédés par la puissance du feu des assaillants, au moins 300 soldats de l’armée régulière nigériane ont trouvé refuge à Fotokol avec leurs armes ». 

La gravité de la situation a poussé les autorités camerounaises à envoyer des renforts à Fotokol. Environ 150 éléments des forces de défense appuyés de quatre blindés ont stoppé l’avancée des insurgés qui tentent de traverser la frontière pour pourchasser les militaires nigérians refugiés au Cameroun. Selon le sous-préfet de Fotokol, membres de Boko Haram qui tentaient de détruire le pont sur le fleuve Elbeid reliant Gambaru-Ngala à Fotokol ont été abattus hier par des soldats camerounais. Les combattants de la secte Boko Haram tentent en vain de récupérer les corps de leurs comparses ainsi tués. L'armée camerounaise avec ses blindés défend le pont depuis hier. L’on signale un blessé dans les rangs de l'armée camerounaise. Le sous-préfet évoque une situation humanitaire très préoccupante. L’afflux des populations nigérianes va provoquer une pénurie de vivres dans la ville de Fotokol. Joint au téléphone un habitant de Fotokol (ayant requis l’anonymat) indique qu’il n’ya plus de pain à Fotokol, l’eau en sachet coûte déjà 100F ».

Notre source ajoute que des milliers de personnes se dirigent vers les localités jugées plus sûres comme Maltam et Kousseri. Pour rallier Kousseri, il faut débourser la somme de 20 000F sur une distance de  105 Km contre 4000F en temps normal. Face à ce qui s’apparente à un désastre, certains optent pour le système D en utilisant les moyens du bord comme les vélos. Les militaires nigérians qui ont trouvé refuge au Cameroun  sont cantonnés dans des points fixés par l’armée entre autres le camp du BIR et des écoles publiques. Ils ont abandonné leurs positions à Gambaru et à Gambaru-Ngala, désormais contrôlées par la secte qui continue de pilonner les deux villes. Les insurgés ont hissé leurs drapeaux dans les endroits stratégiques de ces deux localités.  Toute la journée du mardi, 26 août, on entendait toujours de fortes détonations au centre de Gambaru-Ngala et autour de la caserne militaire » selon un habitant de Fotokol.

Les populations craignent un nouveau massacre comme ce fut le cas lors de l’attaque de mai dernier où les insurgés avaient pulvérisé la ville de Gambaru-Ngala provoquant la mort de plus de 300 civils. Pour l’heure, la ville est sous le contrôle des membres de la secte. Ces combattants contrôlent désormais à en croire plusieurs sources, de la route Gambaru-Ngala-Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno. Selon toute vraisemblance, la secte que dirige Aboubakar Shekau veut faire rentrer cette importante ville commerciale dans le giron du Califat islamique qu’il vient de déclarer il y a une semaine à Gwodza, une ville du Nord-Est du Nigeria à la frontière avec le Cameroun. Au moment où nous mettions sous presse hier, l’on signalait une attaque des positions de l'armée camerounaise par les islamistes de la secte Boko Haram dans la localité d’Achigachia dans le département du Mayo Tsanaga.