Les discussions sur le fond de l’affaire font l’objet de vifs échanges entre la Cour et le prévenu.
A l’ouverture de son procès, Karim avait déclaré : « Je suis un prisonnier politique ». L’ancien ministre et fils de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade a remis le couvert mardi matin. Il est allé plus loin «Le pouvoir cherche à me condamner afin de m'empêcher de me présenter à la prochaine présidentielle.» Au cours de l’audience de mardi dernier, il a refusé de répondre à toutes les questions sur le fond du procès qui lui ont été posées. « Je ne peux pas me défendre en l'absence de Bibo Bourgi, qui revendique 90% du patrimoine qu'on m'attribue », a-t-il notamment déclaré. Pour le fils d’Abdoulaye Wade, il s’agit d’un simulacre de justice qui n’honore pas le Sénégal.
Toujours est-il que la Cour de répression de l'enrichissement illicite a rejeté la demande de renvoi du procès. Cette demande avait été formulée par les avocats de Bibo Bourgui, l’ancien homme de main et co-accusé de Karim Wade. Depuis des semaines, Bibo Bourgui est malade et n’est pas en état d’après ses avocats, de comparaître devant la cour. Mais lundi dernier, il est bien arrivé en fauteuil roulant au tribunal avec ses perfusions. Il en n’est reparti sur une civière. Cette situation est à l’origine des blocages qui empêchent d’entrer dans le fond de l’affaire Wade. Depuis plus d’un mois, une bataille de procédures fait rage entre la défense et l’accusation. Mardi dernier, la défense a même demandé la récusation du président de la Cour. Quant à Karim Wade, il a demandé de ne plus assister aux audiences. « Vous n’avez qu’à me condamner directement, qu’on en finisse et qu’on puisse rentrer chez nous et Bibo pourra aller se soigner ». Cette surprenante tirade de l’ancien ministre sénégalais a fait sourire le président de la Cour. « Chez vous ? », a-t-il rétorqué à l’accusé. « Oui, à la prison de Rebeuss. C’est chez moi depuis deux ans ». Dixit Karim Wade.
Hier, les débats se sont néanmoins poursuivis. Et Karim Wade s’est violemment attaqué à un des avocats de l’Etat sénégalais, Me Yerim Sow qu’il a accusé d’avoir bénéficié des largesses de son père du temps où il était aux affaires.
