Des denrées alimentaires et du matériel de couchage remis dans le Mayo-Sava et le Logone-et-Chari
Dans la cour de l’école publique du sultanat de Mora, des milliers de déplacés et des réfugiés jouent des coudes pour suivre le message du chef de l’Etat que leur apporte Midjiyawa Bakari, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord. Ils viennent de Banki, de Poulka et de Kirawa au Nigeria, de Kerawa, de Greya et de Kolofata au Cameroun. La vive émotion qu’exprime Amada Boukar Kerawa irradie sur toute l’assistance. Ce chef de la communauté Kirawa qui peine à contenir ses larmes est arrivé ici sans femme, ni enfants voici dix jours. « Je ne sais pas ce que sont devenus ma femme et mes enfants.» Venu de Banki, Kanar Modu lui raconte l’épopée de leur voyage. Faute de motos et de voitures, révèle-t-il, « nous sommes arrivés à Mora à pied, la plupart ont été dépouillés de tous leurs biens ». La localité de Kerawa s’est vidée en quelques heures de toute sa population. Apeurés par les attaques de la secte terroriste Boko Haram et envahis au quotidien par leurs voisins de Kirawa au Nigeria, les habitants de cette contrée camerounaise adossée sur la frontière avec le Nigeria ont pris le chemin de l’exode. Cantonnés dans des écoles, les églises et en plein air, ces réfugiés nigérians et déplacés camerounais doivent résoudre des équations à plusieurs inconnues dont les moindres ne sont pas les gites et les moyens de subsistance.
A Kolofata, deuxième site de regroupement des réfugiés et déplacés, la situation est plus préoccupante. Cantonnés à l’école publique groupe I, ces hommes, femmes et enfants évalués à plus de 20 000 personnes, vivent des moments dramatiques. Exposés aux intempéries et aux maladies de toutes sortes, la plupart n’ont aucune idée de leurs destinations finales. Les camions du HCR effectuent plusieurs rotations pour acheminer les réfugiés nigérians dans le camp de Minaowaou, dans le département du Mayo-Tsanaga.
Le couple présidentiel s’est montré sensible aux souffrances de ces populations. Le président de la République et la première dame ont dépêché samedi dernier auprès de ces victimes des exactions de la secte terroriste Boko Haram le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord pour leur transmettre leur message de compassion, de réconfort et de solidarité et leur remettre des denrées alimentaires et du matériel de couchage. A Mora et à Kolofata, des sacs de riz, de sucre, des cartons d’huile de table et de savon, des nattes, des couvertures, des palettes d’eau et des kits d’hygiène ont été remis par Midjiyawa Bakari au nom du couple présidentiel. Les bénéficiaires à travers leurs représentants ont exprimé leur profonde gratitude à l’endroit de Paul et Chantal Biya. Pour le gouverneur, le Cameroun qui a ratifié les conventions de Genève et leurs protocoles additionnels va continuer à respecter ses obligations quant à l’accueil, la protection et l’assistance aux victimes des conflits armés sur son territoire. Des dispositions, souligne-t-il, sont prises par les autorités administratives et les forces de défense pour assurer un encadrement adéquat à toutes ces victimes collatérales des assauts meurtriers de la secte Boko Haram. « Le camp de Minawaou d’une capacité de 40 000 habitants n’héberge pour le moment que moins de 10 000 personnes », poursuit-il. En retour, recommande Midjiyawa Bakari, « vous devez respecter les lois et règlements du pays qui vous accueille. Vous devez observer les règles d’hygiène élémentaires pour éviter que des maladies comme le choléra et la fièvre hémorragique Ebola se propagent parmi vous » conclut le gouverneur. Dans le Logone et Chari, le message et l’aide du couple présidentiel ont été remis aux réfugiés aux victimes de la secte Boko Haram par le préfet Albert Mekondane Obounou.
