La Commission dialogue-vérité et réconciliation a lancé lundi les audiences publiques pour ramener la concorde dans le pays.
Le processus de réconciliation est entré dans une nouvelle phase depuis lundi en Côte d’Ivoire. Pendant deux mois, la Commission dialogue-vérité et réconciliation (CDVR) va écouter les dépositions des victimes de la crise post-électorale de 2011 qui avait fait plus de 3000 morts et plongé le pays dans une situation de quasi guerre civile. Il s’agit d’expurger le passif des crises politico-militaires depuis 1999. Dans un premier temps, la CDVR va examiner une trentaine de cas portés à son attention. Lors des audiences publiques, les victimes seront amenées à répondre aux questions des commissaires et désigner leurs bourreaux si elles les connaissent. Par la suite, il y aura une facilitation afin que les deux parties se rencontrent et se parlent. Il est question d’amener les bourreaux à présenter des excuses à leurs victimes. Ces dernières auront alors le loisir de leur pardonner. C’est en tout cas le but ultime de la démarche. Le président de la CDVR, Charles Konan Banny a rappelé récemment la philosophie de la structure qu’il dirige : «Nous sommes un tribunal de la seconde chance. Notre mission est, entre autres, de compatir avec les victimes et de donner l’occasion à ces dernières de pardonner, sur la base du repenti des auteurs d’exactions ». Toutefois, la CDVR garde la latitude de suggérer des sanctions pénales à l’encontre de tous ceux qui auraient commis des exactions.
Les audiences publiques qui ont démarré hier se préparent depuis de longs mois. Avant cette ultime étape du processus, environ 64 000 personnes ont été auditionnées par les commissions locales entre mai et août 2014. Mais au final, une centaine de personnes seulement seront entendues publiquement. Ces audiences seront filmées, par une équipe média de la CDVR qui remettra un montage vidéo quotidien à la RTI, la télévision nationale. C’est cette démarche qui a provoqué des réserves de la part de certains observateurs. Beaucoup remettent d’ores et déjà en cause la transparence de l’opération. Se fondant sur les expériences similaires sur le continent, les experts en justice transitionnelle, auraient souhaité que les médias rendent directement compte du déroulement des audiences. Créée en 2011, la CDVR a pour mission, de rechercher la vérité et d’établir les responsabilités dans les crises politico-militaires qu’a connues la Côte d’Ivoire depuis 1999. Elle se fonde sur l'audition des victimes, des auteurs et des témoins.
