Dans ce fief jadis réputé, les restauratrices ne se livrent plus à cette activité.
« Qu’est-ce qu’on peut vous servir à manger. Il y a du bar fait à la sauce tomate, du ndomba, du poisson braisé, du Mbongo et du poulet.
En guise de complément, vous avez du manioc, du bâton de manioc, du mintoumba », propose Pauline Ngo Boum, restauratrice à Boumnyebel aux clients qui font escale pour s’alimenter. « Je ne veux rien de tout cela, servez-moi de la viande de brousse », lance M.Mbazoa. Et la vendeuse de répondre : « Il nous a été demandé de ne plus vendre cette variété de viande à cause du virus Ebola. Je ne voudrais pas avoir des problèmes avec les autorités. Nous aussi nous sommes devenus sages. C’est à prendre ou à laisser », poursuit la dame. Déçu, le client se dirige vers une autre équipe de vendeuses et c’est la même rengaine. « On dirait qu’elles se sont entendues. A dire vrai qu’à Boumnyebel on ne vend plus le porc-épic? » s’étonne un autre client.
Depuis quelques mois, les populations avouent avoir été sensibilisées par les autorités administratives de cette localité sur la non-consommation du gibier. Certainement suite à la décision signée du gouverneur de la région du Centre, Joseph Wilson Otto, le 20 août et qui stipule en son article premier qu’il est « interdit sur toute l’étendue de la région du Centre et ce jusqu’à nouvel ordre, la chasse, la vente, le ramassage et l’exposition de la viande de brousse ». Les différents préfets, responsables régionaux des forces de maintien de l’ordre, des Forêts et de la Faune, de la Santé publique et du Commerce sont, chacun en ce qui le concerne, chargés de l’application de ladite décision.
« Avec la prévention contre le virus Ebola, le délégué régional du Minfof a signé une note interdisant la commercialisation et la circulation du gibier. Nous sommes donc intransigeant sur la consommation de cette viande », explique Jacques Meligui Mbong, chef de poste forestier de Boumnyebel. « Il y a quelques semaines, toute une cargaison de viande contenant des porcs-épics, antilopes et serpents boa avait été interpellée au poste forestier », ajoute-t-il. Une opération qui s’est déroulée en présence de Théophile Arsène Ampong, le sous-préfet et des éléments du commissariat de sécurité publique. Selon un riverain, des marmites de viande et les congélateurs ont été vidés de leurs contenus. « Vous comprenez pourquoi, tout le monde est sur ses gardes concernant la commercialisation de la viande de brousse », conclut une restauratrice.
