Les ménagères et autres utilisateurs de bouteilles de gaz domestique font face à un problème récurrent, particulièrement depuis le début de l’année 2014. Ils se font servir dans les dépôts de certains distributeurs agréés ou chez des détaillants de quartiers, à leur insu et au mépris de la réglementation en vigueur, des bouteilles de gaz non conformes aux normes nationales. La question n’est pas nouvelle. Déjà, en 2011, un rapport conjoint établi par la direction de la Métrologie et de la Protection du consommateur du ministère du Commerce et la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) a révélé qu’environ 70% de bouteilles de gaz domestique en circulation à cette époque étaient défectueuses. Cette difficulté vient s’ajouter à celle, tout aussi persistante depuis des années, du siphonage. Elle est populairement connue comme une technique frauduleuse consistant à réduire la quantité de gaz affûtée conformément aux normes, technique pratiquée par des distributeurs véreux mus exclusivement par l’appât du gain. Dans un cas comme dans l’autre, les utilisateurs sont exposés à un grave danger d’explosion pouvant entraîner des conséquences mortelles. De malheureux cas d’explosion de bouteilles de gaz défectueuses ont été rapportés récemment par un de nos correspondants permanents à Douala.
Les différents services publics concernés par ce problème s’emploient pourtant à y trouver des solutions idoines auxquelles la concertation ajouterait toujours un plus. Il y a un mois, au début de septembre dernier, les responsables de l’Agence des normes et de la qualité (ANOR) organisaient une rencontre d’information et de sensibilisation avec les opérateurs du secteur de la distribution du gaz domestique. Ils ont mis l’accent sur le respect des normes nationales relativement aux deux aspects déjà évoqués. D’une part, les emballages, car l’âge et la configuration des bouteilles doivent répondre aux standards camerounais. D’autre part, les quantités commercialisées ne doivent souffrir d’aucune soustraction par qui que ce soit ni pour quelque raison que ce soit. Il est question à la fois de faire payer au consommateur le prix officiel correspondant à la quantité de gaz fixée et en même temps d’éloigner de lui tout danger. L’ANOR a d’ailleurs fait savoir à cette occasion que dès le début de l’année 2015, les opérateurs de la filière recevront régulièrement des équipes de contrôle pour vérifier le respect scrupuleux des normes en la matière.
L’ANOR n’est pas seule à se préoccuper du problème. Dans les premiers mois de l’année en cours, le ministère du Commerce a eu à infliger des amendes à cinq opérateurs de la filière suite à des contrôles ayant révélé l’usage d’emballages non-conformes et des tricheries sur les quantités de gaz mises en vente. Le ministère en charge de l’Eau et de l’Energie, quant à lui a publié en juin dernier un communiqué faisant savoir qu’un important stock de bouteilles de gaz non-conformes aux normes camerounaises a été introduit frauduleusement sur le marché national. Il mettait en garde notamment les distributeurs agréés.
Dans ce contexte, il est important de faire appel à la vigilance des consommateurs ainsi qu’au respect des normes et au patriotisme des opérateurs de la filière, eu égard aux dangers que représentent les fraudes. Mais au fond, d’autres expériences analogues attestent qu’au-delà de l’information et de la sensibilisation, les contrôles fréquents et synchronisés des services compétents et la répression subséquente contribuent encore plus efficacement à refreiner le phénomène, à défaut de l’éradiquer.