La personnalité musicale de la chanteuse reste un mystère après son passage à l’Ifc de Douala vendredi.

 Vendredi 10 octobre 2014. Jour du concert de Nicole Obélé à l’Institut français du Cameroun, antenne de Douala. Cette jeune chanteuse camerounaise, on avait découvert « Suglu ning », son premier album - bien que sorti en 2013 - seulement quelques jours auparavant. Et son spectacle, on y pensait jusqu’à l’obsession. Mais pas pour les bonnes raisons. Son cd n’avait pas laissé un souvenir impérissable, un peu à la manière d’un long fleuve tranquille. Malgré le nom d’Etienne Mbappe marqué à la coréalisation de l’opus. Alors, on espérait ressentir plus d’émotion en l’écoutant sur scène. Dans la peau de Cyndi Lauper, on pensait être une des « Girls Just Want To Have Fun ». Pourtant, au sortir de là...

D’abord l’indéniable. Nicole Obélé a du talent. Même lorsqu’elle n’arrive pas à pousser dans de parfaits aigus. Qui le lui demande d’ailleurs ? Sa tessiture ne s’y prête pas. La preuve quand dans un moment trop bref, elle lâche des sons graves, dont le velours donne des frissons.  Des yeux s’écarquillent de bonheur et des cris approbateurs se font entendre dans la salle. Mais la plupart du temps, la voix qu’elle a préféré adopter, bien que juste, provoque l’ennui chez certains, qui tiennent de longues conversations pendant le spectacle. Même si la majorité du public, dont beaucoup semblent connaitre la chanteuse, applaudit. Rien pour vous saisir aux tripes. Et son expression corporelle est telle que quand elle demande des danseurs sur la scène, des voix s’élèvent pour lui demander de montrer l’exemple.

Pour le reste, on a envie d’admirer le talent pas assez dévoilé des choristes, le brio des musiciens, dont certains n’étaient même pas à 100%, à l’instar de Denis Moussinga aux claviers. Mais il y a plus de technicité que de chaleur et de création d’émotions. Sur la scène, on croit apercevoir - juste ça - un potentiel si fou qu’il va dans les tous les sens, au grand dam d’un metteur en scène, présent au concert. Pour lui, tout cela aurait bien besoin de direction, de mois de préparation et surtout de construction jusque dans l’agencement des chansons pour donner naissance à un spectacle digne de ce nom.

Et Nicole Obélé, comme un diamant brut, se fait chanteuse schizophrénique dont la véritable personnalité musicale n’apparait que par fulgurances. Pour son bien et celui de la musique - ce serait dommage de gâcher son talent, la vainqueure 2002 du Concours national de la chanson Mützig, porteuse du style « Ethnowide groove », devrait peut-être se mettre aux conseils de Stevie Wonder. Il suffit d’écouter « Free ».