Précédé d'une réputation de star et malgré la polémique du printemps à Chelsea sur son âge avancé, l'attaquant camerounais Samuel Eto'o a déjà convaincu son monde à Everton, qui se félicite d'avoir fait le pari de l'expérience.
L'icône africaine de 33 ans a en effet posé son sac pour deux ans dans l'autre club de Liverpool fin août, un peu par hasard. "Nous avons été tellement touchés que Samuel nous rejoigne alors qu'il aurait pu aller n'importe où", reconnaissait son entraîneur Roberto Martinez après son 2e but à Krasnodar (1-1) début octobre. "Mais c'était son choix. Quoi que les gens disent, c'est important de l'avoir avec nous". Car si le Lion indomptable est un personnage attachant, c'est aussi un homme à facettes multiples, avec des côtés sombres et une rage en lui que les années n'ont pas éteinte. Sa réaction pleine de panache au printemps alors que son entraîneur à Chelsea lui reprochait son âge est là pour le rappeler. Et comme son moteur n'est autre que son envie de prouver au monde entier qu'il est le meilleur, il a d'ailleurs, malgré la défaite (6-3), inscrit son 1er but de la saison contre ces mêmes Blues, quatre jours après son arrivée dans le nord. Pourtant, chez les Toffees, Eto'o n'est plus le joueur vif et insaisissable qu'il a été et a été relégué loin derrière Lukaku, Mirallas ou Naismith dans la hiérarchie offensive. Il est surtout là pour aguerrir les troupes et partager son immense savoir. Malgré un CV impressionnant, il a ainsi été titulaire à trois reprises seulement pour quatre entrées, avec 283 minutes de jeu. Profitant des absences, il devrait toutefois être de nouveau titulaire en Europa League contre Lille. Et bizarrement, l'attaquant hautain semble s'accommoder de ce statut d'intermittent qu'il avait commencé à redécouvrir l'an passé.
Avec Chelsea, sa saison avait été simplement honnête avec 12 buts en 35 matches mais il n'avait pas manqué de donner quelques coups de griffes avec trois buts en C1 ou un triplé contre MU pour faire taire les sceptiques, après deux ans au frigo à Anzhi. "Je sais que cela semble stupide, mais même sa façon de passer le ballon est bien faite, apprécie en connaisseur son coéquipier Leighton Baines, visiblement sous le charme. Cela ressemble à des petites choses, mais ça veut juste dire que c'est un bon footballeur. Il aura toujours l'instinct de marquer des buts". "Samuel est un grand joueur qui a montré toutes ses qualités au Barca, à l'Inter, poursuit Kevin Mirallas. Il va bien nous aider, surtout Lukaku et moi, et sa présence est une bonne chose." "Quand Samuel parle, les autres écoutent et dans le foot moderne, c'est déjà beaucoup, approuve encore Martinez. Il a déjà fait beaucoup dans sa carrière mais le plus impressionnant, c'est qu'il en veut encore. Il n'est pas fini. Et c'est quelque chose qui déteint sur l'équipe". Malgré tout, personne ne parlera jamais aussi bien d'Eto'o que Samuel lui-même et la fraîcheur de ses propos n'a d'égal que leur absence de modestie. "Quand j'ai parlé avec l'entraîneur, je me suis dis : Samuel va rejouer la C3, va redonner du plaisir aux autres , a-t-il ainsi affirmé en octobre. Je pense en toute humilité pouvoir toujours faire la différence. La vérité des faits a prouvé à ceux qui ont parlé que j'en étais toujours capable". Ce n'est pas pour rien qu'Eto'o, à défaut de pouvoir encore briguer le Ballon d'or, a récemment été récompensé du "Boulard d'or" par le site L'Equipe.fr.
Par Colin DRONIOU Londres, 22 oct 2014 (AFP/Le Matin)
