Certes, cela n’a pas fait l’effet d’une bombe sur la scène politique sud-africaine mais l’annonce récente des responsables du puissant syndicat des métallurgistes du pays, la NUMSA , de ne plus soutenir l’African National Congress (ANC) au pouvoir et de créer leur propre formation politique est à prendre très au sérieux. Car elle brise une tradition politique dans le pays depuis la fin de l’Apartheid et l’arrivée au pouvoir de la majorité noire sous la houlette de l’ANC et de Nelson Mandela en 1994. Ainsi, depuis 20 ans les trois principales fédérations syndicales du pays dont la puissante Congress of South African Trade Union (COSATU) qui regroupe 17 syndicats forts de trois millions de membres ainsi que le Parti communiste sud-africain sont les alliés de l’ANC.
Naturellement donc les formations syndicales sont totalement engagées dans le jeu politique par leur capacité à mobiliser une base militante gigantesque. Ce qui fait très bien le jeu de l’ANC. Si par conséquent, il apparaît d’une telle nature dans l’alliance, le parti au pouvoir doit s’en inquiéter pour les échéances électorales à venir. Déjà, la grogne couvait depuis décembre dernier. La NUMSA et huit autres formations syndicales avaient refusé lors des élections générales du 7 mai dernier de donner des consignes de vote à leur base, critiquant ouvertement la politique libérale de l’ANC et du président Jacob Zuma.
Il est tout à fait significatif que les dirigeants du syndicat des métallurgistes, qui revendiquent environ 350.000 travailleurs affiliés, aient clairement indiqué que leur parti en gestation serait ancré à gauche. Pour un syndicat que les connaisseurs de la politique sud-africaine jugent comme l’un des mieux organisés et des plus actifs dans de nombreux secteurs de l’économie nationale, cette rupture pourrait à l’avenir fragiliser le monopole de l’ANC sur le vote de la majorité noire, et un nombre considérable de militants échapperait ainsi à l’emprise du pouvoir en place. De toute manière, l’ANC vient tout juste de sortir vainqueur lors des récentes élections générales. Par conséquent, il a du temps pour ajuster ses stratégies pour le futur. Mais le temps est un allié pour tous.
