Docteur Esther Nogbe, chef du district de santé d’Edéa.

Quelle est l’importance de l’introduction du vaccin contre le papillomavirus humains (HPV) au Cameroun ?

Le cancer est un problème de santé publique au Cameroun à cause de l’ampleur de la situation dans nos villes. Chaque année, le Cameroun enregistre 1000 à 1200 cas de cancer du col de l’utérus. C’est le deuxième cancer, après celui du sein, qui cause le plus de décès chez les femmes. Le dépistage n’est pas toujours facile à effectuer. Quant au traitement, il est lourd. Au début, la pathologie est asymptomatique et lorsque la maladie s’installe vraiment, les manifestations sont multiples. Il y a la perturbation du cycle mensuel et saignotement, saignement au contact (rapport sexuels, toilette vaginale intime, plus tard, des pertes vaginales nauséabondes et mélangées à du sang, douleur au niveau du bassin ou du dos sont des signes d’une maladie déjà avancée, si rien n’est fait, la femme peut commencer à perdre des urines ou des selles par voie vaginale. Le traitement devient un problème socio-économique surtout que ce cancer atteint des femmes de plus en plus jeunes. Comme le vaccin existe et qu’il est gratuit pour la jeune fille c’est une très bonne chose.

Après ce lancement, comment les activités de vaccination vont-elles se poursuivre dans la ville d’Edéa ?

Nous allons continuer dans la même lancée. Nous allons vacciner les jeunes filles dont l’âge est compris entre 9 et 13 ans. L’opération va se faire dans les écoles primaires et dans les établissements secondaires publics. Nous allons également élargir l’opération dans les formations sanitaires pour les jeunes filles non scolarisées. D’ailleurs, nous avons commencé à répertorier les jeunes filles. Cette sensibilisation se fait avec nos mobilisateurs de toujours. Ce sont par exemple les équipes de vaccinations de la polio qui mènent ces démarches, nous avons également des associations, les APE, les églises, sans oublier les médias qui nous aident vraiment beaucoup dans cette campagne. Bref, tout le monde a été mis à contribution afin de sensibiliser les jeunes filles et surtout leurs parents pour qu’ils comprennent le bienfondé de cette vaccination.

Quel est le degré d’efficacité de ce vaccin ?

Très efficace contre le virus, les HPV de types 16 et 18. Son action a amené les responsables de santé et autres à l’inclure dans les programmes nationaux de vaccination. Surtout dans les pays où la mortalité liée au cancer du col de l’utérus est élevée, comme chez nous au Cameroun. Nous comptons vacciner 8000 jeunes filles dans la ville d’Edéa pour les prémunir à vie contre ce fléau.