10h23 ce 30 octobre 2014 au lieu-dit carrefour Cité à PK8, Douala. La foule massée sur les bords de la rivière Kondi pousse des cris horrifiés pour certains, de désolation pour d’autres. Des femmes n’arrivent pas à retenir leurs larmes.

L’un des deux camions d’Hysacam, tentant depuis très tôt le matin de débarrasser le cours d’eau de ses nombreux détritus, vient de remonter un corps. C’est le cinquième après les quatre premiers extraits dans la nuit. Dont deux par les sapeurs-pompiers. Ses derniers instants, Jeanne Pauline Tsafack, vendeuse de 39 ans, les aura vécus dans la panique et l’asphyxie, dans une eau immonde, là où le « cargo » a terminé sa course, après avoir voulu doubler un camion, fauchant dans son élan un homme âgé sur sa bicyclette.

Il faut dire que toutes les conditions étaient réunies dans cette soirée du 29 octobre 2014 pour obtenir un drame au carrefour Cité : Un véhicule de transport illégal semblant sortir tout droit de l’époque de Mathusalem (comme il en existe beaucoup d’autres à Douala). En situation de surcharge de surcroît. Un chauffeur incivique (il a d’ailleurs pris la fuite), qui tente un dépassement à droite, sur une descente, avec des freins défaillants et des pneus d’énième main. Une manœuvre qui s’effectue au bord d’une rivière, qui n’est séparée du pont par aucun garde-fou.

Résultat des courses : 5 morts selon les chiffres officiels et au moment où nous mettions sous presse, parmi lesquels une femme enceinte. Les témoins sur place, sur la base de calculs estimatifs d’un « cargo » en surcharge, avancent un nombre au-delà de 25 personnes présentes dans le véhicule, qui avait chargé à Ndokoti pour PK14. « Cargo » qui sera retiré de l’eau par le camion qu’il essayait de doubler. Autres chiffres : 9 disparus, 5 blessés conduits dans des formations hospitalières de Douala. Quatre autres personnes ont été sorties sans égratignures apparentes et seraient rentrées chez elle. Des survivants qui ont eu la vie sauve grâce notamment à l’immédiate mobilisation et à la chaine humaine mise en place par les populations.

Et au lendemain de l’accident hier matin, les recherches se poursuivaient. Sous le regard des autorités, notamment le sous-préfet de Douala III. Le préfet du Wouri, qui a pratiqment passé toute la nuit sur place, revient quelques heures plus tard pour un rapide briefing. La foule présente est elle indignée autant par le manque de garde-fous sur le pont que par les déchets en tous genres, notamment les bouteilles en plastique, qui rendent la fouille particulièrement compliquée. Des plongeurs bénévoles s’arment même de machettes pour se frayer un chemin dans la végétation qui a poussé au dessus des débris.

L’accident d’avant-hier intervient dans un contexte général où les drames de la route se multiplient et où la question de l’assainissement du secteur des transports se pose avec acuité. Il y a moins d’une semaine, Joseph Beti Assomo, gouverneur de la région du Littoral, évoquait l’état délabré des véhicules et l’urgence d’un contrôle plus musclé. C’est plus que jamais d’actualité.

Tableau provisoire des décédés

Noms des décédés Domicilié à Occupation Age

Kenfack Marie Chantal PK16 Commerçante 34 ans

Yinda Pierre PK9 Maçon 69 ans

Nono Marie-Angèle PK11 Etudiante 26 ans

Tsafack Jeanne Pauline PK14 Vendeuse 39 ans

Toungo Séverin Théodore Motor-boy 37 ans

Tableau des blessés

Noms des blessés Occupation Age

Ngandjeu Ghislaine Coiffeuse 24 ans

Njih Evelyne Enseignante 24 ans

Ngo Bikoe Claire Secrétaire 58 ans

Kwameni Sorèle Etudiante 20 ans

Ngo Mondo Elise 39 ans