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Dossier de la Rédaction

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Interview: « Les débats comblent un vide »

Pr. Manassé Aboya Endong, vice-Doyen université de Douala, explique l’intérêt public au débats politiques dans les médias.


Comment évaluez-vous le niveau des débats politiques dans les médias
camerounais aujourd’hui?

Le niveau des débats politiques dans les médias camerounais est fortement influencé par la spécificité de la démocratie en construction au Cameroun, avec un accent particulier accordé à la liberté d’expression. Cette grande importance prise par la liberté d’expression est indissociable d’un paysage médiatique très généreux, comptant notamment près d’une dizaine de chaînes de télévision, une centaine de radios FM disséminées entre les deux principales villes du Cameroun, une dizaine de quotidiens, près d’une centaines d’hebdomadaires, etc.

Lorsqu’on se rend à l’évidence que les programmes les plus prisés dans la plupart de ces chaînes de radios et télévisions se rapportent aux débats politiques ; que les protagonistes de ces débats, notamment dans leurs différentes sensibilités intellectuelles et partisanes, abordent librement les aspects les plus osés de la politique camerounaise ; que les contenus de ces débats sont adaptés à la spécificité de l’environnement politique camerounais, on peut valablement indiquer que le niveau du débat politique  au Cameroun est acceptable, sans que l’on puisse se priver de l’impérieux souci de le dynamiser davantage, car beaucoup de choses doivent encore être ajustés dans ce domaine.

Pourquoi ces débats attirent-ils tant un grand auditoire?

De manière fondamentale, cet attrait s’endosse sur la spécificité de l’exercice de la politique en tant que lieu de conflit –constructif et non guerrier- entre les perceptions du monde, en l’occurrence du Cameroun, par voie médiatique. En clair, le débat politique a un attrait important et croissant, parce qu’il est une confrontation de protagonistes porteurs d’images, d’idées ou de stratégies opérationnelles pour le Cameroun, devant l’opinion publique et pour l’opinion publique. En d’autres termes, le public s’intéresse au débat politique parce que celui-ci lui permet d’être formé et éclairé sur les aspects précis soumis à la contradiction, en tirant profit des arguments mobilisés par les uns et les autres.

Qu'est-ce qui attire autant les partis politiques sur les plateaux des débats dans les télévisions et les radios?

Deux raisons principales peuvent expliquer cet attrait spécifique des partis politiques sur les plateaux des débats dans les télévisions et les radios. Il y a d'une part un vide structurel de la communication dans l'organisation interne de la plupart des partis politiques qui ne disposent ni d'organe d'informations crédible, ni d'une cellule de communication aguerrie, ni de stratégies visibles pour promouvoir l'idéologie ou les réponses formelles du parti par rapport aux problèmes qui se posent aux citoyens.

Il y a d'autre part la place importante que représentent aujourd'hui les radios et les télévisions dans l'articulation efficace de la communication politique, notamment à travers un média-centrisme avéré qui indique clairement que tout ce qui est important dans la vie politique de nos jours passe absolument par les médias, si tant est

Qu’est-ce qui peut être fait pour élever le niveau de ces débats?

Pour élever le niveau des débats, il faut mobiliser au moins trois paliers. Il y a d’abord la qualité des intervenants dont le choix devrait se faire sur des critères objectifs se basant sur une expertise avérée. Ailleurs, l’expertise étant très rare, chaque chaîne de radio ou de télévision dispose de ses consultants recrutés de manière contractuelle, étant entendu que ce sont eux qui suggèrent une grille de lecture de l’actualité au public.

Ensuite, il dépend également de la consistance des modérateurs. Ceux-ci doivent non seulement être dotés des qualités journalistiques indiscutables, mais également être capables de préparer leurs sujets à travers une recherche exploratoire autour des questions à mettre en débat.

Cela suppose une allocation budgétaire conséquente pour les émissions concernées. Enfin, il y a l’opinion publique qui doit toujours être en éveil en se cultivant de quelque manière que ce soit, mais de manière permanente. Si ces trois paliers intègrent ces aspects, il va de soi que cela aura un effet positif sur le niveau du débat politique.


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