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Dossier de la Rédaction

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Modernisme déshumanisant

Cela aurait pu se lire comme un roman. La macabre épopée de ces hommes et femmes dont les restes sont abandonnés dans les morgues de quelques formations hospitalières de Douala dévoile, au contraire, des tragédies individuelles et collectives parfois indescriptibles. Et pour cause ! Le respect dû aux morts représente invariablement dans nos sociétés traditionnelles l’une des valeurs fondamentales, voire sacrées. Ce qui implique notamment le droit à une sépulture décente. Voici donc que pour des raisons variées, quelque 120 corps abandonnés pourraient se retrouver bientôt dans des fosses communes. Faute d’alternative viable.

La chose est d’autant plus douloureuse que si l’on exclut les cas de personnes victimes d’accidents de la route qui auraient pu ne pas être identifiées, d’autres par contre ont été bel et bien déposées dans ces morgues par des parents ou des proches parfaitement repérables. Qui se sont dérobés par la suite de leurs obligations morales et financières, pour des raisons essentiellement liées à un modernisme aussi inepte qu’absurde. Tant il est établi de manière absolument navrante que le paraître – et le clinquant qui va avec – tend à s’imposer comme mode de vie dominant. Au détriment de l’être, de l’humanisme, de la solidarité vraie.

Ainsi, des occasions de compassion, de soutien et de partage dans l’épreuve qu’elles étaient à l’origine, les obsèques se transforment progressivement sous nos yeux en rencontres mondaines. La renversante mutation peut se comprendre dès lors que les familles a priori éplorées n’ont-elles-mêmes pour souci majeur que d’afficher leur notoriété (supposée ou réelle) à travers des dépenses quasiment somptuaires. Dans ce registre, un accent tout particulier étant placé sur le dernier point du programme, la fameuse « collation » qui, à s’y méprendre, s’apparente dans certains cas à de véritables festins enchantés.

Normal, dans ces conditions, que la plupart des présumés compatissants se muent eux-mêmes tout simplement en convives à soigner. Des dérives comportementales dans lesquelles se laissent embrigader aujourd’hui de nombreuses familles démunies qui se sentent comme obligées de faire à l’instar d’autres qui, plutôt fortunées, peuvent se permettre des lubies dispendieuses. Le « grand deuil » écume de ses assauts jouissifs un corps social qui privilégiait naguère la solidarité quand venait à frapper la grande faucheuse. Las ! les lignes ont tellement bougé que nos valeurs, notre identité se diluent inexorablement dans le magma étourdissant d’une globalisation mal maîtrisée.

Quand, à tout ceci, s’ajoute la discorde qui mine la cellule familiale africaine en prise avec un individualisme dirimant, la coupe est pleine. Comment endiguer la sécheresse galopante des cœurs qui magnifie, sacralise le factice et le dérisoire ? Est-ce même seulement encore de l’ordre du possible ? Difficile à dire. Force est cependant de reconnaître que la place de l’humain est à reconquérir dans une échelle de valeurs en délitement avancé. Ce ne sera pas un mince combat.

 

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